“On n'a pas de tenue de travail, ni de chaussures de sécurité. Rien. Même les outils que nous utilisons comme les marteaux, les truelles, les tenailles et jusqu'aux tournevis, nous les avons achetés avec notre propre argent !” Les ouvriers du GCB, filiale de la Sonatrach ayant la charge de réaliser une station d'épuration dans la commune de Sidi Merouane, s'insurgent contre les conditions de travail intenables qui sont les leurs, en déclenchant à partir d'aujourd'hui une grève illimitée. Les grévistes, au nombre de 274, ont formulé une plateforme de revendications comportant de nombreux points d'ordre socioprofessionnels. Ils réclament, notamment, l'amélioration de leurs conditions de travail en dénonçant, dans le même temps, le peu d'égard affiché à leur endroit par les responsables de l'entreprises. Le retard endémique que connaît à chaque fin de mois le virement des salaires, la paie des heures supplémentaires de deux années de travail, la non-application de certaines primes (PRI, PRC, scolarité, mission) constituent, entre autres, l'ossature de la plateforme des revendications.Sur le site du chantier de la STEP, que réalise cette filiale de la Sonatrach, les grévistes étaient, ce dimanche, dans un état d'extrême ébullition. À notre arrivée sur les lieux, l'un d'eux nous annonce de but en blanc : “Je travaille même les week-ends et les jours fériés, et je me retrouve dans l'incapacité d'acheter un mouton aux enfants.” La communication bien établie, les grévistes nous ont étalé toute la dureté de leurs conditions. “Non seulement nous sommes mal payés, mais nous sommes exploités au sens propre du terme. Ils nous font boire le calice jusqu'à la lie. Figurez-vous, ils nous font travailler les week-ends et les jours de fête, sans jamais nous payer les heures supplémentaire. Et si on cherche à comprendre ou on réclame, on est viré séance tenante”, nous dira l'un d'eux. Un autre renchérit : “On n'a pas de tenue de travail ni de chaussures de sécurité. Rien. Même les outils que nous utilisons comme les marteaux, les truelles, les tenailles et jusqu'aux tournevis, nous les avons achetés avec notre propre argent !” En somme, la situation a tout l'air d'être anormale, voire grave. Car, en effet, si on en arrive à exiger des ouvriers de ramener les instruments de travail de chez eux, on est en droit de s'interroger sur les milliards accordés à ce projet. Précision, à toute fin utile, les concernés ont saisi à maintes reprises les autorités (daïra, wilaya tout particulièrement) sur le calvaire qu'il endurent, sans enregistrer malheureusement de réaction. K. Bouabdellah