Le gouvernement Belkhadem n'arrive toujours pas à faire face, particulièrement à la tendance inflationniste de manière efficace, et manque manifestement de la lisibilité nécessaire pour trouver les réponses appropriées à une crise multiforme qui ne peut plus s'accommoder des solutions circonstancielles. Autant parler d'une navigation à vue qui se résout dans l'urgence à procurer conjoncturellement un juste équilibre, tout à fait précaire et révocable, car orphelin de mécanismes réfléchis, capables de mettre le pays à l'abri des aléas de la conjoncture économique internationale. Aujourd'hui, les subventions se révèlent un bon allié pour le gouvernement de Belkhadem dans sa quête de paix sociale, faudrait-il encore que les soucis du citoyen se réduisent au seul aspect du maintien des prix de produits de large consommation dans des proportions raisonnables. Et il est loisible de dire que l'actuel gouvernement n'a d'autres ambitions que de jouer au pompier, sans se soucier que l'effet cumulé, de toutes les crises qui secouent le pays, peut rendre la situation difficilement maîtrisable. Débordé, le gouvernement l'est assurément. Et il est fort à craindre une sérieuse hypothèque sur l'échéance 2009, censée constituer l'apothéose d'un second mandat présidentiel qui ouvre une voie royale pour Abdelaziz Bouteflika s'il venait à décider de rempiler. À ce titre, le gouvernement de Belkhadem se trouve en sursis. Car nombreux sont ceux qui s'accordent à dire que les grands chantiers lancés par le président de la République se déroulent laborieusement s'ils ne sont pas en panne. Au train où sont menées les choses, le programme du président de la République risque fort de ne pas être au rendez-vous de 2009. Donc, s'il n'y a pas un renversement de vapeur, le président Bouteflika risque de manquer cruellement d'arguments pour convaincre. Car rien de ce qu'il avait projeté tant au plan social, économique ou encore sur le plan des réformes financière, bancaire ou celle des institutions de l'Etat n'a enregistré de résultats tangibles capables de faire toucher au citoyen du doigt cette fameuse réplique de “l'Algérie qui avance” que nos ministres mélangent à toutes les sauces. Bien au contraire, le citoyen assiste impuissant à l'évolution inquiétante de l'économie informelle, de l'emploi au noir, de la bureaucratie, de la corruption, de la petite délinquance et de la grande criminalité qui sont en train de déstabiliser la société entière. C'est peut-être là l'explication du “wait and see” observé par le RND et le MSP, quand Belkhadem secrétaire général du FLN et non moins Chef du gouvernement s'empresse de solliciter pour le président de la République Abdelaziz Bouteflika un troisième mandat. Ouyahia autant que Soltani, pourtant dans une attaque en règle contre la gestion des affaires de l'Etat par le gouvernement Belkhadem, se défendent d'être dans l'opposition, mais le lien est vite fait avec la revendication d'un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. C'est une question de priorité, semblent dire l'un et l'autre en affichant de sérieuses réserves sur la manière dont est menée l'application de développement du président de la République dont ils estiment, au sein de l'alliance présidentielle, être partie prenante. Quand Abou Djerra Soltani déclare à travers une superbe tournure qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, Ouyahia ne pense pas moins que l'Algérie est en train de gâcher une belle occasion de sortir définitivement de la crise multiforme. Au sein même du FLN, des voix qui se joignent à celle de Abderrazak Bouhara abondent dans le même sens et avertissent du danger de l'autosatisfaction et des illusions du triomphalisme. Ce groupe du FLN ne fera pas mystère du fait que le parti “est en phase avec la politique menée par le président de la République. Les divergences se rapportent au devenir du parti, à son identité et aux méthodes de travail”, soulignait-il. Dans cette veine, le silence assourdissant de Abdelaziz Bouteflika sur la révision de la Constitution et un troisième mandat trouve peut-être une explication dans l'impasse dans laquelle est actuellement le gouvernement Belkhadem. N'est-ce pas qu'il serait inopportun aujourd'hui pour le président de la République de solliciter les citoyens sur cette question, alors que la situation du pays n'est pas aujourd'hui celle qu'ils auraient souhaitée ? Et ce n'est donc pas sans raison que les rumeurs sur un éventuel remaniement ministériel, voire un changement de gouvernement dans les prochains jours se font de plus en plus insistantes. D'autant plus que Abdelaziz Bouteflika a ostensiblement affiché sa volonté d'honorer ses engagements envers le peuple. Et la question aujourd'hui reste de savoir comment décongestionner la situation actuelle avec les blocages et les retards dans la réalisation des projets qu'elle connaît. Autrement dit, comment relancer la machine ? Zahir Benmostepha