Longtemps détentrice du triste titre de capitale du crime, Oran semble, au grand bonheur de ses sympathiques citoyens et de ses visiteurs par ricochet, renouer avec une vie plus paisible. Le recul, comme l'attestent les chiffres donnés par le groupement de gendarmerie, en matière de criminalité, est en effet un signe encourageant et incite du coup à en finir avec la fatalité. Il y a deux ans, la moindre descente se chiffrait par des dizaines d'arrestations et d'armes blanches saisies. À titre indicatif, sur 414 interpellations opérées dans la journée de lundi dans plusieurs quartiers réputés chauds, 25 personnes seulement ont été arrêtées dont 5 recherchées par la justice. En compagnie du chef d'état-major du groupement, le commandant Abdelkrim Remli, nous entamons une série de visites sur les lieux ciblés par les descentes superbement menées par les différentes compagnies compétentes renforcées par des éléments de la section spéciale d'intervention (SSI). Une unité ayant reçue une formation liée aux techniques d'intervention musclée. Des hommes tout en muscles, initiés aux arts martiaux, capables de déjouer toute éventualité dangereuse. Il faut dire que les techniques d'approche ont changé depuis la mise en place de cette section. Que ce soit à Hassi, Yaghmoracen ou Aïn Beïda, fiefs de la délinquance en raison du cosmopolitisme négatif engendré par un exode massif durant les années de braise, la situation est maîtrisée. La criminalité, même si elle existe toujours, connaît un net recul. L'apport de la SSI a d'ailleurs permis d'élucider un nombre important d'affaires. Tout récemment, un jeune homme de 21 ans a pu être délivré des mains de ses ravisseurs qui avaient exigé de sa mère 25 000 DA. Une complice a demandé à la maman de lui remettre ladite somme lors d'un rendez-vous fixé dans un endroit retiré. La mère alerte les gendarmes qui tendent un piège. Arrêtée, la fille finit par lâcher le morceau indiquant le domicile où le jeune homme était pris en otage. Les deux ravisseurs et leur complice sont arrêtés, présentés au parquet et écroués. L'on saura que l'histoire du kidnapping est liée à une moto que la victime aurait volée à ses ravisseurs. Pour le colonel Abderrahmane Ayoub, chef de cellule communication au niveau du commandement de la gendarmerie, les priorités sont, d'une part, le maillage territorial pour lutter efficacement contre toutes les formes de délinquance et, d'autre part, la mise en place des unités de sécurité routière qui reste une forme de criminalité qui ne dit pas son nom. “La lutte contre la criminalité multiforme nécessite la coopération de toutes les parties concernées. En matière de sécurité routière beaucoup de points revêtant un caractère primordial ne sont toujours pas pris en charge. À titre d'exemple, nous pouvons aujourd'hui avec les techniques de reconstitution d'accidents déterminer les causes véritables et impliquer les auteurs, ce qui est souvent sans suite. Il est important de faire la distinction entre la négligence criminelle et l'homicide involontaire”, explique-t-il. La section spéciale d'intervention traque le crime L'adjudant-chef Bensaïd est toujours égal à lui-même. Il n'a même pas besoin de demander la permission à ses supérieurs pour intervenir. À lui seul, ce gendarme a réussi des prouesses, notamment en matière de trafic de véhicules. Il a le don d'intercepter les falsifications. Tout fier, il nous montre dans le parc de la compagnie de l'USTO, un autre quartier populeux, lieu de la délinquance, la dernière saisie : une Mercedes blanche récupérée la veille. Depuis samedi dernier, 3 véhicules ont été saisis, 17 depuis octobre et un total de 73 depuis janvier dont 38 de type Mercedes sont placés en janvier pour falsification de documents. L'adjudant Bensaïd en a connu des trafiquants. Un cadre de la wilaya et un imam sont écroués pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux et vol. L'escale à la brigade de Hassi Bounif, une commune à vocation agricole, nous permet d'apprendre le dénouement de trois affaires. La première a trait à l'association de malfaiteurs et agression avec arme blanche commise par un groupe de trois personnes contre une enseignante qui a été délestée de ses bijoux (deux bagues) et d'une somme de 21 000 DA. C'est dans les environs du lieu de l'agression près de l'école Mohamed-Boudiaf que l'agresseur principal est arrêté en possession d'un poignard. Ce dernier a dénoncé ses deux complices dont l'un était également armé d'un poignard. Les mis en cause sont confondus par la victime. Présentés, les malfaiteurs ont été écroués pour respectivement quatre et deux ans pour chacun des complices. La deuxième affaire remonte à la semaine écoulée quand la maman d'un enfant de huit ans est venue déposer une plainte pour agression sexuelle de son fils commise par un ouvrier agricole de 21 ans originaire de Chlef. Le mis en cause, reconnu par la victime grâce aux vêtements signalés le jour de l'agression, a été présenté devant la justice et écroué. Dans la troisième affaire, un étranger de l'Afrique subsaharienne est arrêté au cours d'une patrouille alors qu'il s'apprêtait à prendre la fuite à la vue des gendarmes. La raison en est que le mis en cause était en possession de documents et produits de fabrication de fausse monnaie. Présenté devant le tribunal, il a été écroué. El Bahia n'est pas aussi radieuse Si la criminalité connaît à Oran un net recul grâce au dispositif remporté tant au plan de la qualité des moyens logistiques que des formations humaines, on ne peut en dire autant pour ce qui est du développement de la ville et des conditions de bien-être des citoyens. El Bahia n'est pas aussi radieuse et la pluie la rend plus laide en mettant à nu une kyrielle de choses pas du tout belles à voir. Résultat que le commun des mortels attribuerait sans hésiter aux négligences, au laisser-aller et au silence de la gouvernance locale. Des projets traînant en longueur créent aux citoyens un tas de désagréments à leur enlever toute envie de mettre le nez dehors. La capitale de l'Ouest n'a pas l'air de prendre l'essor escompté. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour intra et extra muros et se rendre compte enfin que l'anarchie a gangrené la ville de Sidi El Houari. Les gares routières d'El Hamri, d'Ighmoracen ou du 19-Juin se ressemblent toute par leur laideur en ce jour de pluie. Gérée par un privé celle d'El Hamri est dans un sale état. À l'entrée, une véritable patinoire dans laquelle pataugent les malheureux voyageurs qui n'ont d'autre solution que de se jeter à l'eau avant de prendre leur destination. Les guichets censés les accueillir sont plutôt fermés alors que dehors c'est la bousculade : les transporteurs usent de moyens peu civiques mais beaucoup plus convaincants tel ce receveur s'égosillant à indiquer sa destination “Barigou” de l'ancien nom Perrigueux, actuellement Mohammadia. La périphérie n'est pas mieux lotie. Tout au long des routes et autoroutes qui ceinturent la ville, des constructions érigées attendent le retour du messie pour être terminées. On construit n'importe où et n'importe comment. Une insulte à l'urbanisme. Quant à l'état des routes qu'elle soient au centre où à l'extérieur, c'est une catastrophe. Une rude épreuve pour les véhicules et leurs passagers. Oran s'est tout simplement clochardisée. Et on espère avec cela attirer les touristes ! A. F.