Une intéressante thèse de doctorat en sciences économiques, dirigée par Xavier Richet, a été soutenue le 19 décembre dernier par Abdeldjellil Bouzidi à l'université Paris III-Sorbonne Nouvelle. La thèse, qui porte sur “La transition économique en Algérie : la privatisation des entreprises publiques”, analyse la crise de l'entreprise publique algérienne et passe en revue l'ensemble des étapes qu'a connues le processus de privatisation dans une démarche comparative avec les expériences d'autre pays. L'analyse sectorielle, menée par l'auteur, sur l'économie algérienne montre que les industries et les services à forte valeur ajoutée restent sous-représentés dans l'économie algérienne. Les secteurs les plus importants de l'économie algérienne sont des secteurs vulnérables car dépendant soit directement des prix du brut (hydrocarbures) ou de la pluviométrie (agriculture) soit indirectement des devises de l'Etat, via des importations (commerces) ou des programmes étatiques de relance (BTP). L'analyse du lien entre croissance et régime de propriété, basée sur l'évolution des valeurs ajoutées courantes entre 1994 et 2004, fait ressortir que généralement les secteurs à forte “intensité capitalistique” restent encore à dominante publique et ne semblent pas attirer suffisamment les capitaux privés. S'agissant de l'analyse de l'expérience algérienne de privatisation, la thèse rappelle que, contrairement à la situation qui prévalait dans les PECO, en Algérie, c'est plutôt l'inefficacité productive et les déficits financiers des entreprises publiques qui justifient leur privatisation, plus que leur situation de monopole généralisé. L'auteur rappelle que le gouvernement algérien, en décidant la privatisation des entreprises publiques, s'est fixé cinq objectifs, montrant l'ambition affichée par le gouvernement dans sa démarche de privatisation. La thèse a essayé de montrer que c'est “précisément dans cette ambition que s'est niché l'échec du programme de privatisation”. “En voulant en faire une panacée, le gouvernement algérien a rendu le programme de privatisation très difficile à concrétiser”. Le bilan établi sur la période 1995 à 2006 est bien décevant. Le nombre des entreprises cédées est faible et il s'agit de petites unités. La question posée par l'auteur est comment transformer le potentiel de l'économie algérienne en croissance économique génératrice d'emplois ? L'efficacité de l'économie algérienne est tributaire de trois pré-requis critiques à tout développement : la construction d'un système de financement efficient, la consolidation d'un tissu d'entreprises compétitives et la construction d'un vivier de managers. Par ailleurs, il faudrait améliorer le climat des affaires pour favoriser l'apparition de champions locaux et faire de l'économie algérienne un pôle attractif d'investissement dans la région, en attirant les investissements stratégiques comme les sièges régionaux de groupes multinationaux. “La stratégie industrielle pourrait constituer un complément utile aux privatisations et permettre l'apparition de champions locaux ou régionaux”, souligne Abdeldjellil Bouzidi. M. R.