Dans leur tentative de rallier la péninsule ibérique, ils empruntent des embarcations de 4,80 mètres, généralement dotées de moteurs de 30 CV. Rongées par le désespoir et l'absence de perspectives, des centaines de jeunes sont tentés par la traversée à haut risque à destination des côtes ibériques ! Pas une cité de Mostaganem n'a été épargnée par ce phénomène enclenché en 2006 et qui semble avoir surpassé tout entendement en cette année 2007 ! Depuis le 13 mai dernier, les services de la Gendarmerie nationale ont déjoué et mis en échec pas moins de douze tentatives d'embarquement clandestin. Ainsi, officiellement, ce sont soixante-douze prétendants à l'émigration clandestine qui furent arrêtés dans ce cadre de la lutte contre la répression du phénomène. Mais combien sont-ils ceux qui ont échappé aux statistiques en ayant mis le pied sur l'autre rive ou en n'ayant plus donné signe de vie ? À la lumière du bilan des services de la gendarmerie, la plupart des harraga sont âgés entre 22 et 30 ans. Pour la moitié environ, ce sont des Mostaganémois mais on retrouve également des jeunes de Mascara, Oran et Chlef. Dans leur tentative de rallier la péninsule ibérique, ils empruntent des embarcations de 4,80 mètres, généralement dotées de moteurs de 30 CV. L'été durant, mais c'est particulièrement au cours du mois de Ramadhan que le phénomène de la hedda a longuement défrayé la chronique à Mostaganem où l'on n'a jamais pensé que sa côte longue de 124 km allait devenir, un jour, une tête de pont à destination de l'Espagne ! Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Genèse et bref historique d'un phénomène qui intrigue et alarme. Au commencement fut l'institution du fameux visa Schengen et les pires difficultés à l'obtenir. Pour rallier l'Eldorado européen, les “fous de l'ailleurs” improvisent alors trig el wahda en fuguant, via le Maroc, vers les camps de transit ouverts à Melilla et Ceuta, les enclaves espagnoles en terre africaine. Devant l'afflux des prétendants, l'Espagne régularise la situation des premiers “contingents” et bloque la saignée en fermant ces camps. Mais, croyant vivement en l'éventualité d'une régularisation qu'accordait un pays d'accueil ayant grandement besoin de main-d'œuvre bon marché pour que son agriculture demeure compétitive, la réplique des “kamikazes” algériens fut d'aller rejoindre, directement les salutaires “centros” de la péninsule ibérique, quitte à être accueillis par la gardia civile. Ainsi, de par la proximité des côtes, mais également grâce au concours de la communauté originaire de la région d'Aïn-Témouchent auparavant installée outre-mer, à la faveur de visas touristiques, ce furent les jeunes Témouchentis qui eurent “l'honneur” d'inaugurer, à partir des années 2000-2001, la voie maritime clandestine à destination de la rive espagnole. Comptant sur la complicité des employeurs espagnols, cette communauté d'émigrés a grandement contribué à l'accueil des nouveaux arrivants. Mais si le trafic avait commencé à frôler la démesure, ce fut certainement grâce au quiet port de pêche de Bouzedjar, à ses marins pêcheurs fort expérimentés, et surtout à la flottille de pêche que le substantiel don accordé aux nécessiteux par le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, venait de renforcer en “précieuses” embarcations. L'aubaine providentielle, nettement plus lucrative que l'activité de la pêche, ne tarda pas à convertir les 4/5 des marins pêcheurs “nécessiteux” en guides marins ! Jusqu'en 2006, le phénomène a pris une ampleur qui suscitait l'alarme, provoquant une mobilisation particulière pour réprimer les fous de l'exil à haut risque dont l'aire d'origine s'étendait à des régions de plus en plus lointaine. Le resserrement de l'étau le long de la côte témouchentoise se traduisit par le déplacement des points de ralliement. Oran étant un important pôle de stationnement des forces navales et des gardes-côtes, ce fut Mostaganem et sa façade maritime s'étendant sur 124 km qui prit le relais de la wilaya d'Aïn-Témouchent comme tête-de-pont desservant la côte espagnole. Fuyant le dispositif de surveillance déployé sur les plages de Mostaganem, les harraga semblent tenter leur folle aventure à partir de la rive de la wilaya de Chlef. Des aventures suicidaires, sanctionnées par les échecs récemment enregistrés ! M. O. T.