On a beau souhaiter tous les vœux de bonheur pour 2008, mais cela n'empêche pas que l'année a commencé dans de drôles de circonstances. Au lendemain du réveillon, la nouvelle année annonce déjà la couleur : les services de sécurité en état d'alerte, à cause des trois camions volés, l'attentat de Naciria et la grogne de la Fonction publique qui prend de l'ampleur. Cette année a débuté sur une note de pessimisme, du moins dans le secteur de la Fonction publique qui menace de mener une grève qui bloquera plusieurs secteurs le 15 janvier afin de dénoncer l'inflation et la nouvelle grille de salaires notamment celle de l'Education nationale. “Le ministère de l'Education n'a pas pris en considération nos positions, ils nous ont bernés durant des mois avec leur histoire d'avant-projet du statut particulier et la nouvelle grille de salaires. C'est scandaleux”, a déclaré, hier, Méziane Mériane, responsable du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) lors d'un point de presse qui a eu lieu au siège de la SNTE à Alger. Qualifiant l'avant-projet du statut particulier de la Fonction publique de “coquille vide”, il explique les motifs de la grève. “Les enseignants avaient fondé leurs espoirs dans le statut particulier et notamment, le point ayant trait au régime indemnitaire, mais c'est la déception. On ne peut pas continuer à travailler dans des conditions pareilles. Les prix des produits de base ont doublé et même triplé et le salaire des enseignants reste inchangé. Nous sommes payés en dinar, mais on dépense en euro, nous n'avons pas à subir cette inflation”. Les enseignants, structurés dans plusieurs organisations autonomes, ont décidé de se joindre au débrayage de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, composée de 12 syndicats ainsi que le CLA qui adhère à ce débrayage afin d'exprimer leur ras-le-bol. Faut-il rappeler que cette coordination englobe plusieurs secteurs d'activité dont la santé, l'éducation, l'administration… On citera le syndicat des praticiens spécialistes de la Fonction publique, celui des professeurs et docents, des hospitalo-universitaires, des vétérinaires, des psychologues, du Cnes,du Snapap, du Cnapest, du Snapest… Méziane Mériane, responsable du Snapest, a prédit que le mouvement risque de durcir et aller vers une grève cyclique ou voire même un débrayage illimité. L'enseignant vit dans la précarité. Ce constat n'est certainement pas nouveau et l'amélioration des conditions de travail de ces derniers n'est pas pour demain. En ce début de l'année 2008, les professeurs n'arrivent plus à supporter cette chute démesurée du pouvoir d'achat. Ils ont été déçus du projet élaboré par le ministère de l'Education nationale. Jeudi dernier, les syndicats agréés du secteur ont été destinataires d'un document portant sur le statut particulier de l'enseignant. Un document qui a malheureusement dépité l'ensemble de la corporation du fait qu'aucune proposition formulée par les représentants des enseignants n'a été reproduite dans le projet final qui sera soumis pour appréciation aux responsables de la Fonction publique. “Nous avons étudié le projet et nous avons constaté qu'il ne reflète pas les attentes des enseignants. Nous craignons la suppression de certains acquis arrachés après un long combat”, a souligné Mériane, qui fera remarquer que le régime indemnitaire n'existe pas dans le nouveau projet. “Les payes sont les mêmes, sauf que maintenant les primes ont été ajoutées aux salaires de base, supprimant ainsi tout le système d'indemnité”, a-t-il expliqué. L'autre inquiétude exprimée par le coordinateur du Snapest est le libre exercice du droit syndical. “Il y a menace sur les libertés syndicales, selon le nouveau statut, le ministère définit les méthodes de grève. Dans un article, nous n'avons pas le droit de faire de la rétention des notes ou des corrections des copies d'examen, sans parler de la marginalisation des enseignants syndicalistes et la possibilité d'être muté dans importe quelle commune”, s'indigne-t-il. Il faut noter que la protestation dans la Fonction publique sera précédée par deux jours de grève de l'intersyndicale du secteur de l'éducation qui auront lieu les 12 et 13 janvier. La grogne sociale semble ainsi prendre forme et les syndicats comptent faire valoir et arracher leurs droits pour une vie digne. Nabila Afroun