L'ONU est les pays occidentaux évacuent leurs personnels. En ordonnant l'évacuation des familles des personnels, et les personnels diplomatiques non indispensables, l'ONU et l'Occident donnent l'impression de s'attendre d'un moment à l'autre à la déflagration entre les deux frères ennemis, Indiens et Pakistanais. Les déclarations guerrières émises autant à New Delhi qu'à Islamabad loin de rassurer, auront contribué à accréditer la détermination des deux voisins à aller jusqu'au bout de leur actuelle logique de guerre. Et ce ne sont pas les trois attentats d'hier, au Cachemire indien, ayant occasionné la mort d'une personne, tout en en blessant une vingtaine d'autres qui vont calmer les esprits. La communauté internationale n'a cessé, ces dernières semaines, d'appeler à la retenue sans pour autant parvenir à convaincre Delhi et Islamabad à faire l'effort nécessaire pour dédramatiser la situation. Aujourd'hui un rien peut allumer la mèche, et ce rien peut bien être un autre attentat comme celui commis hier matin. C'est cet attentat qui semble avoir déterminé l'ONU, les USA la Grande-Bretagne et la France, notamment, à évacuer les familles de leurs personnels diplomatiques et à demander à leurs ressortissants dont la présence, dans ces deux pays, n'est pas indispensable, de quitter l'Inde et le Pakistan. Les apports à la guerre semblent ainsi se mettre progressivement en place, la communauté internationale, après avoir appelé à la retenue, donnant l'impression de se résoudre à une guerre qui risque de n'être pas seulement conventionnelle. Tout le danger est, en fait là: qui des deux belligérants aura alors l'irresponsabilité de recourir à l'arme nucléaire? C'est cette inconnue qui fait que tout le monde retient son souffle en espérant que les choses n'iront pas au-delà des invectives qu'échangent depuis deux semaines New Delhi et Islamabad. Mais cet espoir demeure mince devant la détermination de ces deux pays voisins à régler leur différend par les armes. Pour conjurer le pire et amener l'Inde et le Pakistan à savoir raison garder, l'espoir est maintenant fondé sur le président russe Vladimir Poutine, qui a invité le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee et le président pakistanais Pervez Musharraff à prendre part à la conférence d'Almaty (Kazakhstan) sur la sécurité, prévue lundi et mardi prochains. M.Vajpayee, qui se déplacera dans la capitale kazakhe, a prévu d'y rencontrer, en marge de la conférence, outre le président Poutine, le président chinois Jiang Zemin. Un signe de bonne volonté? Le Pakistan, qui semble resserrer un peu plus les vis à la guérilla cachemirie, ne semble vouloir donner aucun prétexte à l'Inde d'ouvrir les hostilités. En tout état de cause, le président Musharraff veut calmer le jeu en déclarant à CNN: «Je pense qu'aucune des deux parties n'est irresponsable au point de franchir cette limite» (d'une guerre conventionnelle) affirmant: «J'irais même jusqu'à dire qu'on ne devrait même pas discuter de ces choses, car aucun individu sain d'esprit ne peut même penser à ce mode non conventionnel quelles qu'en soient les pressions.» De fait, la communauté internationale est alarmée à raison, car une guerre nucléaire entre l'Inde et le Pakistan pourrait, selon les experts, se traduire par une véritable catastrophe en faisant quelque 12 millions de morts dans le sous-continent. Aussi, la communauté internationale s'efforce-t-elle de faire baisser la tension et d'amener les deux parties à régler leur conflit par le dialogue. Russes et Américains travaillent en ce sens en encourageant New Delhi et Islamabad à plus de pondération. Ainsi, les chefs de la diplomatie russe et américaine, Igor Ivanov et Colin Powell, ont eu, séparément, des entretiens téléphoniques avec leurs homologues indien et pakistanais. Par ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, et le secrétaire d'Etat adjoint, Richard Armitage, sont annoncés dans la région dans les prochains jours.