Le foncier reste, dans la wilaya de Tizi Ouzou, la principale problématique à l'origine des retards, voire d'absence de développement et d'investissements locaux. Selon des informations recueillies auprès d'instances compétentes au niveau de la wilaya, il existe des opportunités foncières pour l'investissement, mais on voit mal l'avenir de ce secteur avec les multiples problèmes de blocage administratif hérités du passé généralement, sévissant encore de nos jours contre des constructeurs, ce qui, du point de vue de nos sources, reste “illogique”, en ce sens que des cas de permis de construire furent remis en cause pour des “raisons pas claires du tout”. Souvent, selon les mêmes sources, des interventions sont nécessaires sur de nombreuses requêtes de citoyens, tels ceux auxquels il n'est pas répondu au bout du délai réglementaire. Ces derniers, soupçonnant — et à juste titre d'ailleurs — des actes de “passe-droits” dès lors que quelques-uns de leurs voisins obtiennent “facilement” leurs permis de construire, entament, eux aussi, illicitement, leurs travaux pour, en quelque sorte, se “rendre justice”, d'où d'innombrables constructions de ce genre. Pis, d'autres personnes ignorent complètement l'Etat, lequel, fréquemment, se trouve dans “l'incapacité” de sanctionner. Toujours concernant l'acquisition du foncier, nos sources relèvent qu'il y a énormément de cas de rétrocession de lots de terrain, une pratique qui a fait des émules avant les années 1990 et touchant particulièrement les zones où existent des lotissements communaux. À cette époque, il y a eu pas mal de dilapidation de terrains communaux, vendus à un “prix ridicule” (171,60 DA le mètre carré) avant qu'ils ne soient rétrocédés entre 10 000 et 15 000 DA le m2, une pratique aberrante sur laquelle des agences foncières locales fermaient les yeux, quand elles ne les en incitaient pas. Il y a eu pression sur le marché spéculatif foncier, comme c'est le cas à Draâ Ben Khedda par exemple. Or, l'Etat doit exercer son droit de préemption sur les terrains vendus, surtout dans le cadre de lotissements communaux, dont on sait qu'une partie des lots acquis est destinée à la spéculation, pendant que le côté social est mis à l'écart, une situation engendrée par la grâce de l'administration locale, faisant émerger de facto une caste de nouveaux richards. Et tant que l'on continue d'adopter la même façon de gérer ce sensible secteur, ça ne réglera rien dans ce domaine. Et devant la difficulté du problème, l'on s'est retrouvé, aujourd'hui encore, à tenter d'inventorier le patrimoine foncier et ses problèmes. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'on se demande quels sont les “subterfuges” employés au point que le cadastre et la conservation foncière se sont fait “embobiner” pour en délivrer des livrets fonciers sans la présentation de dossiers attestant de la propriété. L'implication de l'administration peut déboucher facilement sur des exemples “d'abus de position”, “d'abus de biens sociaux”, d'achat en deuxième main, cas “régularisés” curieusement par des APC, validant derechef des doubles affectations pour, soi-disant, “nécessité de recasement”. Et les plus grandes difficultés de ce genre sont enregistrées à Tizi Ouzou et à Draâ Ben Khedda. Ces problèmes consistent souvent en des litiges liés à des empiétements sur les propriétés d'autrui, de l'Etat (terrain domaniaux, communaux, forestiers…), à l'absence ou à l'insuffisance dans les indemnisations dont certaines accusent des retards allant de 10 à 15 ans. Les services de la wilaya interviennent aussi dans des situations de constructions illicites, de double décision d'attribution d'un même lot, de recasement rejeté, des cas d'achat sans acte (terrains ou autres). Ce genre de problèmes est constaté notamment dans des zones d'activité où des gens détiennent des documents nécessaires depuis des lustres mais se heurtent à des oppositions ou à la fuite de responsabilité des pouvoirs publics. L'on recense aussi des investisseurs qui changent d'activités et revendent leurs terrains, non sans calculs spéculatifs, évidemment. Or, il y a des règles de gestion à imposer et à faire respecter. Selon nos sources, il existe dans la wilaya des zones où seuls quelques investisseurs ayant acquis des lots mis en vente ont entamé leurs activités. Sinon, sur l'écrasante majorité d'autres terrains vendus dans le même cadre, très peu de promoteurs en ont confirmé leur achat ou entamé la réalisation de leurs unités de production. Ce manque flagrant d'empressement peut s'expliquer par l'absence de viabilisation après plusieurs années d'existence des zones d'activité. En tout cas, à l'échelle de la wilaya, aucune zone n'a dépassé, à ce jour, les 50% de projets confirmés. Un paradoxe : sur les 17 zones d'activité dans la wilaya, celle d'Azazga n'a même pas encore d'acte, alors que celles de Boudjima et de Makouda, agglomérations à caractère quasi rural et enclavé, ont eu leur acte et permis de lotir. S. Y.