Le compte à rebours a commencé pour la présidentielle américaine qui a démarré avec le caucus de l'Iowa, premier Etat américain qui a désigné les candidats à la candidature à la course à la Maison-Blanche. Même si elle n'a rien de définitivement éliminatoire, ce premier primaire est stratégique pour les prétendants. Chez les démocrates, Obama, homme de couleur, prend l'ascendant, sans pour autant que ses principaux rivaux démocrates, John Edwards et la sénatrice et ex-first lady, Hillary Clinton, puissent se considérer comme largués. Chez les républicains, le révérant Huckabee, un fondamentaliste anti-Darwin, s'est senti pousser des ailes, puisqu'il n'était pas le favori, mais ses principaux poursuivants, Mitt Romney, un mormon milliardaire, Fred Thompson et John McCain, tous deux de l'establishment, ne vont pas lâcher prise. Le “cinéma” de ce modeste Etat du Midwest ouvrier et rural, avec ses 3 millions d'habitants, a donné un aperçu de ce qu'est une élection présidentielle aux States : tournées de barons des deux partis, communions des candidats accompagnés de leur famille, porte à porte tous sourires au milieu de mères de familles ou d'agriculteurs du crû… Le tout en live sur les chaînes locales et nationales. La facture de l'Iowa s'élève à 40 millions de dollars, et ce n'est que le début de la tournée des 51 Etats. Le 8 janvier, le New Hampshire prendra la suite, avant le “super-Tuesday” du 5 février, lorsque les électeurs d'une vingtaine d'Etats, incluant des poids lourds comme la Californie, New York, l'Illinois ou l'Arkansas, voteront pour leurs favoris. Le périple des primaires se prolongera jusqu'au 28 juin, jour du dernier vote du Nebraska. Juste avant les deux grands-messes des conventions qui désigneront les deux finalistes : fin août pour le Parti démocrate à Denver et début septembre pour le Parti républicain à Minneapolis. Ce sera alors le top départ de la vraie campagne, jusqu'à l'élection présidentielle qui aura lieu le 4 novembre prochain. C'est dire que chacune des deux écuries, démocrate et républicaine, a besoin non seulement de souffle et de répondant, mais surtout d'argent pour tenir dans cette course d'obstacles qui a débuté il y a plus de 9 mois et va encore s'étirer sur plus de 10 mois. En 2004, George Bush avait dépensé 367 millions de dollars pour garder les clefs de la Maison-Blanche, ce qui avait été considéré comme énorme. Cette fois-ci, les records seront battus, aux dires des experts : les deux finalistes devront probablement trouver 500 millions de dollars chacun pour pouvoir entrer à la Maison-Blanche. Côté démocrate, Hillary Clinton arrive, pour le moment, en tête avec 90 millions de dollars glanés dans tout le pays, et elle aurait déjà dépensé 40 millions, mais ses futures tournées de “fund-raising” devraient lui permettre de renouveler sa cagnotte. Son premier revers dans l'Iowa risque de freiner un peu l'enthousiasme de ses donateurs. Son challenger Obama la suit de près, avec 80 millions de dollars récoltés, dont 44 millions partis en fumée. Il va pouvoir surfer sur sa victoire dans l'Iowa pour attirer à lui de généreux sponsors, séduits par son discours sur le changement. Côté républicain, Romney a dépensé 53 millions de dollars sur les 62 millions qu'il a récoltés à ce jour. Il peut compter sur sa fortune personnelle. Le gagnant de l'Iowa, Huckabee, lui, presque inconnu il y a quelques semaines, a un retard considérable à rattraper : il n'a assemblé pour le moment que 2,3 millions de dollars et il a dépensé l'essentiel de cette somme. Sa victoire devrait évidemment lui attirer des nouveaux fonds. L'ex-maire de New York, Rudy Giuliani, que les attentats de 2001 ont jeté sous les feux des sunlights, a juste entamé son trésor de 47 millions en zappant l'Iowa pour se concentrer sur les Etats plus peuplés. Quant à la dizaine d'autres candidats, ils savent qu'ils ne font que de la figuration. La présidentielle américaine est une histoire de gros sous. D. Bouatta