Battu en brèche par plusieurs délégués qui demandent sa révision, l'argumentaire du document de réflexion portant les objectifs et les modalités de l'organisation d'une conférence nationale de la citoyenneté a été vivement remis en cause en plénière, puis renvoyé à l'ordre du jour du prochain conclave, prévu à Aït R'zine, dans la daïra d'Ighil-Ali. Jamais conclave de la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) n'a connu de telles divergences et de prises de bec entre délégués que celui tenu, ce week-end, au village de Lota (commune de Souk El-Tenine). Intervenant dans le sillage de la remise en cause du document de réflexion, notamment dans son argumentaire élaboré à Tifrit (Akbou), dans lequel ont été avancés les objectifs et les modalités de la tenue d'une conférence nationale de la citoyenneté, cette rencontre n'a pu déboucher sur un consensus, dès lors que la plénière a fini par décider de surseoir aux débats sur ce projet. En effet, l'inscription de ce point à l'ordre du jour de ce conclave ordinaire a aussitôt suscité un climat de tension parmi les membres de la CICB dont certains ont suggéré d'évacuer complètement cette question des débats. Néanmoins, l'insistance de plusieurs délégués sur la nécessité d'engager un débat de fond sur l'argumentaire de ce document qui, à leurs yeux, semble truffé de contradictions, n'a pas manqué de soulever le tollé parmi les conclavistes. Pour certains partisans de la révision des objectifs assignés à cette conférence nationale de la citoyenneté, “l'approfondissement de l'explicitation de la plate-forme d'El-Kseur cache mal la volonté délibérée de l'ouverture de cette dernière qu'on a déjà décrétée scellée et non négociable”. Un autre point, pas des moindres, qui se trouve, selon eux, caractérisé par une ambiguité frappante, est celui relatif à “l'implication de la classe politique et de la société civile”. “L'absence de précisions concernant ce point, équivaut à la délivrance d'un certificat de bonne conduite aux détracteurs du mouvement citoyen”, estiment-ils. Après plus de cinq heures de discussions frôlant parfois l'éclatement de la structure — quelques coordinations communales ont dû quitter la plénière menaçant de se retirer — la sagesse a prévalu, étant donné que la pierre d'achoppement fut vite dépassée, les travaux de ce conclave ont pu retrouver leur cours normal. Les membres de la CICB ont ainsi convenu de consacrer le prochain conclave, prévu les 15 et 16 du mois courant, à Aït R'zine, exclusivement au débat sur cette perspective fortement décriée par une bonne partie des communes. Par ailleurs, les délégués de la CICB qui ont fait l'évaluation des actions du mouvement organisées les 18, 20 et 22 avril dernier, ont préféré clôturer les travaux de ce conclave sans aborder le point lié aux “actions et perspectives du mouvement”. En fait, aucune action de protestation ou autre manifestation n'ont été décidées à l'issue de ce conclave, alors que les détenus du mouvement citoyen viennent d'entamer leur 7e mois de détention préventive. A noter que les délégués de la CICB, à travers le rapport de synthèse de leur conclave, ont tenu à “se démarquer des propos qui procèdent d'un règlement de compte, tenus lors du meeting de l'Interwilayas du 22 avril 2002 à Amizour”. Allusion faite à Na Aldjia, la mère de Matoub Lounès. Enfin, dans la déclaration ayant sanctionné cette réunion, la CICB “appelle l'ensemble des citoyens à demeurer vigilants et mobilisés pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus du mouvement et la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur”. K. O.