“La revue annuelle de l'Algérie, opérée par les experts du Fonds monétaire international, va être examinée par le conseil d'administration du fonds fin janvier.” C'est du moins ce que souligne M. Patrick Gay, conseiller financier à la mission économique de l'ambassade de France, dans le dernier numéro de “Lumière d'Algérie”. M. Patrick Gay rappelle que “le rapport, rédigé après une mission de trois semaines à Alger en novembre dernier, durant laquelle les économistes du fonds ont pu avoir des entretiens avec les principaux responsables économiques du gouvernement et de l'administration algérienne, souligne la conjoncture extrêmement favorable dont bénéficie actuellement l'économie algérienne”. La hausse des prix internationaux des hydrocarbures, écrit M. Patrick Gay, donne à l'Algérie des moyens financiers sans précédent. Le prix moyen du baril, relève-t-il, a doublé en quatre ans : 75 dollars en 2007 contre 66 dollars en 2006, 55 dollars en 2005 et 38 dollars en 2004. Pour 2008, souligne M. Patrick Gay, le FMI retient un prix moyen de 90,5 dollars et ne prévoit de chute en dessous de 80 dollars qu'en 2012. Sur ces bases, les recettes d'exportations de l'Algérie devraient enregistrer un bond spectaculaire en 2008 : +25,4% à 75 milliards de dollars contre 59 milliards en 2007. Les importations, favorisées par l'augmentation des recettes, devraient encore très fortement progresser en 2008 : +28% en volume après 21% en 2007. En valeur les importations devraient atteindre les 32 milliards de dollars en 2008 et continuer de s'accroître encore les années suivantes (+21,5% en 2009) pour atteindre près de 47 milliards de dollars à horizon 2012. Les importations de l'Algérie, rappelle M. Patrick Gay, étaient encore inférieures à 10 milliards de dollars en 2001. “Elles auront donc été multipliées par 3 en 7 ans et par près de 5 en un peu plus de dix ans” note-t-il. “Cette augmentation très forte de la demande extérieure bénéficie aux fournisseurs de l'Algérie, au premier rang desquels se trouve la France, même si sa part diminue depuis quelques années, avec l'arrivée de nouveaux concurrents, asiatiques notamment”, ajoute le conseiller financier à la mission économique de l'ambassade de France. Le FMI considère aussi que l'abondance financière devrait, en interne, permettre à l'Algérie de réviser sa politique fiscale en faveur des entreprises. Bonne nouvelle pour les entreprises, selon M. Patrick Gay le rapport du FMI indique notamment qu“une suppression de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) est sérieusement envisagée par les autorités”. La nécessité de la suppression de la taxe sur les activités professionnelles (TAP) considérée comme une taxe prohibitive, notamment pour les secteurs où la marge bénéficiaire d'intervention est très réduite est une revendication chaque fois réitérée par le patronat. Cette taxe est un impôt direct, à la charge du contribuable, donc normalement exigible uniquement en situation bénéficiaire ; en situation de déficit, elle ne devrait pas être exigible ; or, étant prélevée comme une taxe, elle est dans les faits exigée quel que soit le résultat de l'entreprise. Les chefs d'entreprise sont convaincus que la suppression de la taxe sur les activités professionnelles aura, sans aucun doute, des répercussions favorables sur la compétitivité des entreprises. Le taux de la TAP actuellement appliqué est fixé à 2%. M. Patrick Gay souligne que le FMI ne croit pas, par ailleurs, au risque de dérapage inflationniste en Algérie. Pour rappel, lors d'une conférence la mission du Fonds monétaire, avait indiqué que l'inflation, grâce à une politique monétaire prudente, reste maîtrisée et devrait affiché un taux de 4% “peut-être un peu moins, autour de 3,7%”, en dépit de la hausse des prix des produits alimentaires frais et importés. “Le FMI retient, malgré tout, quelques critiques”, souligne M. Patrick Gay. “Il pointe, par exemple, le taux de prêts non performants encore trop élevé dans le secteur bancaire : 35% des encours de prêts ; dont 45% pour les prêts au secteur privé. Il souligne aussi la trop grande dépendance à l'égard des hydrocarbures et recommande, une plus grande diversification de l'économie”, souligne-t-il. Synthèse M. R.