“Dans le cadre de sa revue annuelle de la situation économique de l'Algérie, le FMI s'est penché, dans un rapport annexe, sur le sujet particulier du chômage en Algérie”, rapporte la mission économique de l'ambassade de France dans sa dernière publication “Lumière d'Algérie” du mois de décembre. Le document, relève la mission économique de l'ambassade de France, “remarque que le taux de chômage reste élevé en dépit d'une croissance économique en progrès au cours des dernières années”. Certes le taux a diminué, mais il reste encore nettement supérieur à celui constaté dans d'autres pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient et dans les pays en transition en général, même si l'écart s'est réduit. Selon les chiffres officiels, le chômage a été divisé par deux en 5 ans, passant de 30% de la population active à 15,3% en 2005. Le chômage des jeunes a été ramené de 48 à 31%. La croissance économique récente a contribué à l'évolution favorable. Le chômage s'est accru rapidement de 1990 à 1995, période de déclin économique, s'est stabilisé dans la deuxième moitié des années 1990 et a commencé à baisser à partir de 2001, période marquée par une croissance forte. Le FMI, selon la mission économique de l'ambassade de France, s'interroge toutefois sur la pérennité de l'amélioration constatée dans la mesure où une part significative des nouveaux emplois créés correspondent à un travail à domicile (plus du quart des emplois existant) ou sont des emplois temporaires. La dépense publique reste le principal moteur de la création d'emplois. Les grands travaux d'infrastructure, qui ont été lancés, vont continuer de créer des emplois, mais une part importante sera constituée d'emplois temporaires. Quelles sont les perspectives ? Le FMI estime que la croissance en Algérie est créatrice d'emplois, avec une élasticité forte : un point de croissance dans le secteur hors hydrocarbures entraîne 0,9 point d'accroissement de l'emploi. Le fonds juge possible de ramener le taux de chômage en dessous de la barre des 10%, d'ici 2015, si la croissance moyenne est de 5%, même avec l'hypothèse d'un renforcement de la productivité du travail accompagnant les réformes structurelles et une augmentation moyenne de la population active de 2,5%. Le passage sous les 10% pourrait intervenir plus tôt si les réformes en mesure de stimuler la croissance sont mises en place. Le Conseil exécutif de la Banque mondiale a examiné le rapport le 10 janvier 2007. Pour autant le rapport des services pour les consultations de 2006 au titre de l'article I n'a pas été rendu public. Pour rappel, la mission du Fonds monétaire international, dirigée par M. Erik de Vrijer, qui a séjourné à Alger depuis le 4 octobre dernier, pour conduire les discussions annuelles au titre de l'article IV des statuts du fonds avait estimé que le taux réel de croissance de l'économie ne dépassera pas les 3% en 2006. Cette contreperformance, relevée par le chef de division, département Moyen-Orient et Asie centrale, lors d'une conférence de presse organisée, s'explique par le faible résultat du secteur des hydrocarbures, dont la production a diminué, entre 1% et 1,4%, “pour des raisons techniques, liées à la maintenance des installations”. Pour rappel, le gouvernement avait inscrit l'objectif d'un taux de croissance de 5%. Hors hydrocarbures, les services du FMI tablent sur un taux de 4,5%, une croissance qualifiée “de fragile”, tirée essentiellement par les investissements publics. Le secteur des services, après une croissance fulgurante ces dernières années, se stabilise. M. Erik de Vrijer parle de résultats encourageants de l'agriculture, alors que le niveau de l'industrie est très bas. “L'industrie, notamment publique, traverse une période difficile”, affirme-t-il. Du coup, suggère le chef de division, département Moyen-Orient et Asie centrale, il faut s'interroger sur les contraintes qui freinent la croissance élevée. M. Erik de Vrijer ne donne pas de piste de réflexion, se limitant aux constats. M. R.