Pour le Chef du gouvernement, qui était présent à l'ouverture du IIIe Forum économique d'Alger, le niveau de leurs investissements est “en-deçà des attentes”. Sept milliards de dollars, c'est le montant des investissements arabes en Algérie depuis 2002. C'est du moins le chiffre avancé hier par le directeur de la division des investissements directs étrangers auprès de l'Agence Andi, M. Djamel Zeriguine, lors du 3e Forum économique d'Alger, dont les travaux, placés sous le thème “L'Algérie, terre d'opportunités”, se sont ouverts, hier à l'hôtel Sheraton en présence du Chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, et de plusieurs ministres. 4,4 milliards de dollars ont été investis dans les télécommunications. Pour les années 2008 et 2009, le directeur de la division des investissements directs étrangers auprès de l'Agence nationale de promotion de l'investissement évoque un portefeuille de projets estimé à 19 milliards de dollars. “90% des projets en question ont reçu l'aval des autorités”, souligne M. Djamel Zeriguine. Pour le Chef du gouvernement, le niveau des investissements arabes en Algérie est “en deçà des attentes” par rapport aux opportunités qu'offre notre pays, dans tous les domaines d'activité. Dans une déclaration à la presse, en marge des travaux du 3e Forum économique d'Alger, M. Abdelaziz Belkhadem a appelé les opérateurs à traduire leurs intentions en projets concrets, notamment dans les branches définies par la stratégie industrielle nationale. M. Belkhadem a souligné que l'Algérie “disposait d'infrastructures développées, d'une main-d'œuvre qualifiée et de sources d'énergie disponibles et à des prix compétitifs”. Le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), M. Brahim Benjaber, a invité les opérateurs arabes à investir dans le tourisme, l'agriculture et la pétrochimie. Temmar : privatisation de 100 entreprises durant le 1er semestre 2008 Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements juge le climat des investissements en Algérie, “très attractif”. Il affirme que l'opération de privatisation a connu un développement rapide depuis 2005, avec l'ouverture du capital de 350 entreprises. M. Hamid Temmar annonce dans la foulée la privatisation de 100 autres entreprises durant le 1er semestre 2008. Pour leur part, les hommes d'affaires arabes pensent que beaucoup reste à faire par l'Algérie en matière de climat des affaires. Certes, disent-ils, des améliorations ont été enregistrées. Cependant, le climat des investissements demeure contraignant et lourd, par rapport à ce qui se fait ailleurs. Ils citent comme entraves la bureaucratie, les banques, mais surtout le foncier. Concernant ce dernier, c'est-à-dire le foncier, contrairement aux propos de M. Hamid Temmar, le problème demeure entier. “La vente aux enchères des terrains n'est pas une solution”, jugent certains investisseurs, pour qui l'Algérie est le seul pays qui a recours à cette formule. Le directeur général et président du conseil d'administration du Fonds monétaire arabe, M. Jassem El-Menai, lui craint que les dépenses publiques renforcent le poids du secteur public, jugé déjà important. M. Jassem El-Menai estime qu'il aurait été plus judicieux de parachever le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie. “Cela aurait été un signal fort”, affirme-t-il, expliquant que la privatisation des banques publiques “est une question importante”, tout comme l'ouverture du capital d'Algérie Télécom. Le directeur général et président du conseil d'administration du Fonds monétaire arabe trouve, par ailleurs, le coût des crédits élevé. M. Jassem El-Menai estime que l'Algérie a besoin aujourd'hui d'une notation d'emprunteur souverain (rating). Engagement du groupe émirati Emaar : dans l'attente du feu vert du gouvernement Concernant les projets du groupe émirati Emaar, qui a fait couler beaucoup d'encre, une source proche du dossier affirme que le groupe attend la réponse du gouvernement. “Un protocole d'accord a été récemment remis aux autorités algériennes. Les choses fonctionnent normalement”, soutient cette source, les projets proposés par le groupe émirati dépassent les 26 milliards de dollars. Il s'agit entre autres la réalisation du complexe touristique du côté de Zéralda, comprenant des résidences de vacances, un hôtel de 500 chambres, un golf ainsi que des centres commerciaux, la transformation de la baie d'Alger, un nouveau campus universitaire et l'implantation d'un campus technologique à Sidi-Abdallah. D'autres sources avancent le mois de mars pour le démarrage des activités du groupe en Algérie. De son côté, le président-directeur général du groupe Sidar, le Dr Ziad Mahmoud, annonce des investissements pour un montant global qui pourrait atteindre 2 milliards de dollars, d'ici 5 à 10 ans. Ziad Mahmoud évoque le démarrage d'un grand projet touristique à Zéralda, dans six mois. Le groupe Sidar envisage de construire un village touristique et un centre commercial à Annaba. De son côté, le groupe koweïtien de holding nord-africain s'intéresse au processus de privatisation. M. Emad Al-Saleh affirme que le groupe a exprimé son intention de rachat d'une entreprise d'électricité qui se trouve à Azazga dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le climat de l'investissement reste contraignant La saturation de l'investissement dans leurs pays respectifs pousse nombre de ces hommes d'affaires à étudier comment réinvestir ailleurs, la manne générée par les hydrocarbures, évaluée à plus de 400 milliards de dollars, et c'est tout naturellement qu'ils se tournent vers les pays du Maghreb qui présentent cet avantage géostratégique et à la recherche d'investissements durables. L'Algérie, dont le climat des investissements s'est amélioré, mais qui reste tout de même à parfaire, se doit d'être compétitive en matière d'attractivité de ces capitaux. Malheureusement, l'Algérie ne sait pas encore vendre son marché. Peu de manifestations ont été organisées à l'étranger pour drainer les investisseurs étrangers, peu d'actions agressives des ambassades pour informer et attirer les entreprises à s'engager en Algérie. Le président de la Chambre de commerce, M. Brahim Benjaber, juge les moyens de la chambre limités. “Nous préférons ne pas participer à certaines manifestations économiques à l'étranger parce que nous n'avons même pas les moyens de payer les billets d'avion”, regrette-t-il, évaluant le coût d'organisation du 3e Forum économique d'Alger à 30 millions de dinars, pris en charge par les sponsors. Meziane Rabhi