Le ministre de la Solidarité nationale, Djamal Ould-Abbès, a reçu hier au siège de son département ministériel, les familles des victimes des deux attentats commis le 11 décembre dernier contre le siège du Conseil constitutionnel et celui de la représentation onusienne pour les réfugiés. Une rencontre qui se voulait conviviale et en commémoration du 40e jour du drame qui a endeuillé le pays. D'emblée, le ministre a tenu à rassurer les familles présentes en grand nombre que les dossiers des victimes ont été, conformément aux instructions du Chef du gouvernement, épluchés au cas par cas afin qu'il n'y ait aucune injustice envers les ayants droit. Abordant le volet indemnisations, il a tenu à préciser que la loi de 1994 à ce sujet a été modifiée et complétée. À la demande du président de la République de revoir les montants, le capital décès est passé de 96 millions de centimes à 192 millions pour les ayants droit reconnus, à savoir la conjointe ou le conjoint, les enfants ne dépassant pas 19 ans ou 21 ans pour ceux qui poursuivent des études universitaires, les enfants handicapés, les filles, le père et la mère. Les ayants droit peuvent opter pour une pension de service versée jusqu'à l'âge légal de la retraite. Cette dernière est passée dans les mêmes conditions décrites de 16 000 à 40 000 DA. Pour ce qui est des indemnités matérielles, le ministre a déclaré que la prise en charge concerne le logement, le mobilier et autres équipements domestiques y compris les vêtements, ainsi que le véhicule si la famille victime en possédait un. Autres avantages, les enfants des victimes seront suivis durant leur cursus scolaire et bénéficieront des colonies de vacances. Les demandes d'aides sociales présentées par leur famille seront satisfaites progressivement, notamment les veuves pour qui 1 860 logements répartis entre Alger, Aïn Defla, Tébessa, Mostaganem, Jijel et Batna sont consacrés. M. Ould-Abbès a toutefois rappelé que tout sera étudié au cas par cas, ce qui d'ailleurs a pris du temps dans l‘étude des dossiers. En matière de bilan, le secrétaire général a fait lecture par data show de tous les moyens mis en œuvre par le ministère de la Solidarité en affectant 120 psychologues, 10 médecins, 20 sociologues, 30 assistants sociaux et 35 administrateurs auprès des blessés et des familles des victimes. Les mesures urgentes ont concerné au début la prise en charge alimentaire des familles sinistrées, le relogement des familles sans toit dans des F2, F3, F4 entièrement équipés et jouissant de toutes les commodités à Aïn Bénian avec une aide alimentaire, la décision de reconstruction des habitations effondrées ou la réfection des habitations sérieusement endommagées. Au niveau des sites de Ben Aknoun et de Hydra, ce sont respectivement 25 et 48 spécialistes qui ont pris en charge des citoyens au niveau, notamment des cités universitaires, des établissements scolaires, les riverains et les familles des enfants qui n'ont pas rejoint les collèges. Au niveau des domiciles des personnes décédées, 28 spécialistes ont d'abord accompagné les parents des victimes algériennes et étrangères à la morgue, et ensuite à leur domicile pour les assister. Dans les hôpitaux, 19 spécialistes sont intervenus également auprès de l'ensemble des blessés et de leurs familles (algériens et étrangers). Ce programme d'urgence va, selon le conférencier, se poursuivre dans la phase de post-urgence, ainsi que dans la phase différée. Concernant les fonctionnaires onusiens, les équipes du ministère ont été dépêchées auprès d'eux dès les premiers instants, que ce soit au niveau du site ou des hôpitaux pour les soutenir. Le bilan des actions psychosociales fait apparaître que les entretiens individuels ont concerné 492 personnes et 46 familles, soit 278 personnes ont été prises en charge dans ce cadre. Pour ce qui est de l'accompagnement administratif et particulièrement la frédha, deux notaires ont été chargés de s'occuper des dossiers des ayants droit, 31 frédhas ont été réalisées par l'équipe du MSN et 3 par les familles elles-mêmes, soit un total de 34 frédhas. Cependant, on l'aura quelque peu prévu, quelques familles ont bousculé le ministre par des remarques et questionnements liés tantôt à la constitution du dossier, dont le nombre de pièces jugées exaspérantes. “Nous consacrons une matinée quotidiennement pour se faire délivrer un seul document. Et souvent on nous renvoie parce qu'il est tributaire d'un autre document”, confie le frère d'une victime. D'autres intervenants soulèvent la question du logement à laquelle le ministre répond qu'il est prêt à intercéder auprès des services concernés, mais pas à Alger. Il faut savoir dans ce sens que beaucoup de victimes, des policiers, fonctionnaires ou agents sont originaires de l'intérieur du pays. Pour rappel, le ministre a déclaré que les familles des quatre étrangers décédés auront les mêmes droits que les nationaux. ALI Farès