L'assuré social affilié hors de son lieu de résidence est triplement pénalisé, notamment sur le plan de remboursement des frais médicaments. Des centaines d'assurés sociaux, résidant dans la wilaya d'Oran mais dont l'employeur est domicilié à Alger, vivent un véritable casse-tête à la limite du rocambolesque. Affiliés au niveau des différents centres de la capitale, ces assurés sociaux d'un autre type sont confrontés aux pires tracasseries bureaucratiques, que ce soit pour des opérations de remboursement des frais médicaux, de prise en charge immédiate ou pour pouvoir bénéficier du tiers payant, c'est le parcours du combattant. “La frange des assurés la plus touchée concerne les malades chroniques qui doivent attendre parfois plusieurs mois pour se faire rembourser”, affirme un responsable de la Cnas à Oran. Selon notre interlocuteur, la procédure de transfert du numéro d'affiliation doit se faire sur la base d'un accord passé entre l'employeur et le centre payeur d'affiliation de l'assuré, d'une part, et de la Cnas du lieu de résidence de l'assuré social, d'autre part. “Autant chercher une aiguille dans une meule de foin”, affirme pour sa part un assuré social bien au courant de la chose. “Il faut avoir beaucoup de patience et de prouesses pour arriver à faire bouger les arcanes inexpugnables et pugnaces de l'administration de la Cnas”, surenchérit un autre assuré social. Autant d'interrogations émanant des assurés sociaux dépendant des centres payeurs à Alger. C'est faire preuve de beaucoup d'imagination mais surtout de “don-quichottisme” pour se faire rembourser ses frais médicaux. Dans le cas de figure des malades chroniques, le même problème se pose à chaque consultation. “Nous devons régulièrement subir des analyses et des consultations médicales. Mais comme nous sommes dépourvus du tiers payant car ne remplissant pas les conditions requises, nous sommes obligés de débourser des sommes énormes et attendre des mois, voire des années pour se faire rembourser”, s'offusquent des patients dépités. Pour des raisons évidentes de faisabilité, l'assuré social doit se déplacer à Alger pour se faire rembourser ses frais médicaux. “L'autre jour, je me suis présenté à la Cnaas pour me faire délivrer un livret afin de bénéficier des médicaments. Après étude de mon dossier, le préposé a exigé l'apposition du cachet du centre payeur à Alger où je suis affilié”, affirme cet autre assuré social. “En plus de ne pas supporter la pénibilité des déplacements, nous devons également nous déplacer pour subir des contrôles médicaux. Au prix fort de la restauration et des dépenses de l'hôtel, c'est pratiquement une mission impossible”, lancent des malades rencontrés à la Cnas à Oran. Parmi eux, des malades chroniques attendent stoïquement devant le guichet des affiliations. “Un transfert social doit s'appuyer sur des paramètres de faisabilité administratives. Il faut une demande de dérogation dûment établie par l'employeur qui la fera entériner par le centre payeur à Alger. Mis avant, il faut que l'employé résidant à Oran ouvre un numéro d'affiliation au niveau de la Cnas à Oran. C'est la démarche à suivre pour une telle demande.” Ainsi, pour des considérations bureaucratiques ineptes et tatillonnes, l'assuré social affilié hors de son lieu de résidence est triplement pénalisé. D'abord sur le plan du remboursement des frais médicaux, l'attente se fait longue en raison (ou en déraison ?) de l'absence d'un suivi inter-Cnas. Le délégué social étant domicilié à Alger, c'est tout naturellement le malade qui doit effectuer le déplacement au niveau de son centre payeur. “Pour ne pas avoir à faire des déplacements pour nous faire rembourser, nous sommes obligés de regrouper toutes nos feuilles de maladie sur des périodes oscillant en un et trois ans”, affirment nos interlocuteurs. En attendant, les assurés sociaux, pourtant détenteurs d'un numéro d'affiliation national, lancent un appel pour la régularisation de leur situation. K. Reguieg-Yssaâd