L'Egypte a fermé ses frontières avec Gaza. L'armée est mobilisée le long de la ligne de séparation pour empêcher toutes nouvelles tentatives d'infiltration et permettre la reconstruction du mur en métal et en béton abattu mercredi dernier par les Palestiniens qui ont fait leurs emplettes en Egypte, à la satisfaction de ses commerçants. Pour faire refluer chez eux les intrus, les forces de sécurité égyptiennes ont utilisé coups de matraque, canons à eau et salves en l'air. 700 000 Gazaouis, plus de la moitié de la population de l'enclave placée sous embargo par Israël, avaient envahi l'Egypte pour s'approvisionner. L'Egypte, prise de court, les a autorisés à aller et venir. Mais, vendredi, le président Hosni Moubarak a mis le holà en qualifiant à demi-mot d'inacceptable la situation à Gaza et en appelant Israël à lever son siège et à régler le problème. Il a également invité les factions rivales palestiniennes au Caire pour des discussions, sans en mentionner de date. En fait, Moubarak avait été averti par Israël et les Etats-Unis, qui lui ont fait porter l'entière responsabilité sur ce qui pourrait advenir à Gaza. Il a été invité, de manière pressante, à rétablir l'ordre à sa frontière, c'est-à-dire maintenir les Palestiniens sous embargo. L'ouverture, même temporaire, de la frontière entre l'Egypte et Gaza, est, en effet, à leurs yeux, un plus pour la popularité de Hamas qui contrôle le territoire palestinien. Le Mouvement de la résistance islamique s'est, par ailleurs, immédiatement prévalu d'avoir réussi à contourner la fermeture israélienne, soutenue par la communauté internationale, qui prive Gaza d'approvisionnements depuis près de deux ans. Tant Israël que l'Egypte ont bloqué tout déplacement de Palestiniens et de biens en dehors de Gaza, après la victoire du Hamas aux législatives de 2006, et ont renforcé la fermeture depuis que le Mouvement de la résistance islamique a pris par la force les commandes du territoire en juin dernier. La tension à Rafah, la ville frontalière, a, en outre, été alimentée par des raids nocturnes de l'aviation israélienne qui a tué quatre responsables locaux du mouvement islamiste. Le chef de l'Autorité autonome palestinienne a réitéré sa proposition de prendre en charge le contrôle des frontières de Gaza, qu'Israël a conservé après le retrait de ses colons et soldats à l'été 2005, y compris au point de passage de Rafah dont l'ouverture dépend de son feu vert même si Tsahal n'y est plus présente. Du reste, l'armée israélienne a renforcé ses positions dans le Sinaï. L'offre d'Abbas, qui séduit les Occidentaux, a été rejetée jusqu'à présent par le Premier ministre israélien Ehud Olmert, mais elle pourrait revenir sur la table aujourd'hui lorsqu'il rencontrera le président palestinien pour évoquer la situation à la frontière entre l'Egypte et Gaza. Moubarak qui se trouvait devant un dilemme : il ne veut pas paraître cautionner le blocus israélien, mais il craint la contagion islamiste et ne tient pas à ce que son territoire serve de base à des éléments palestiniens incontrôlés, a donc tranché : les Palestiniens resteront chez eux. Gaza dispose maintenant d'assez de vivres pour tenir un mois, a déclaré Hamas. D. B.