Les deux plus grands mouvements musulmans d'Indonésie ont apporté un soutien crucial aux décrets antiterroristes signés par le gouvernement après l'attentat de Bali, a rapporté hier la presse. “Nous avons vraiment besoin de ces réglementations pour empêcher des attaques terroristes”, a déclaré au quotidien Jakarta Post Hasyim Muzadi, qui préside la Nahdlatul Ulama (NU), organisation comptant quelque 40 millions de membres. Vendredi, le gouvernement s'est doté d'un décret autorisant un recours à la peine de mort pour des actes terroristes et des détentions prolongées sans procès, après l'attentat à la voiture piégée de Bali qui a fait près de 190 morts. Le deuxième décret institue une rétroactivité qui permet à ces dispositions de couvrir l'attentat de Bali. Le chef de la Muhammadiyah, qui compte environ 30 millions de membres, a lui aussi apporté ce soutien crucial pour le gouvernement. “La police a besoin d'un parapluie légal pour combattre le terrorisme, sinon elle sera sans pouvoir”, a déclaré Ahmad Syafii Maârif. Jakarta, perçu comme laxiste à l'égard de la menace de groupes extrémismes musulmans, a reçu des pressions encore plus vives de Washington, Canberra et plusieurs voisins d'Asie du Sud-Est pour agir, après l'attentat de Bali le 12 octobre. “Sans ces réglementations, nous ne pourrions pas lutter contre le terrorisme”, a ajouté M. Muzadi. Le code pénal actuel “ne peut pas combattre le terrorisme parce qu'il n'autorise les arrestations que sur la base de preuves solides. Ce qui veut dire que des mesures ne peuvent être prises qu'une fois qu'une attaque a eu lieu”, a-t-il ajouté. M. Maârif a toutefois averti que le Parlement, les médias, et la société civile devaient veiller à ce que ces décrets ne conduisent pas à des abus de pouvoir et qu'il n'y ait pas d'arrestations “fondées sur des preuves subjectives”. “Si les groupes dénommés radicaux ne contreviennent pas à la loi, ils n'ont pas à s'inquiéter” a-t-il poursuivi.