Les autorités de Djakarta passent à la vitesse supérieure, en promulguant deux décrets d'urgence pour lutter contre le terrorisme. La pression occidentale sur l'Indonésie a fini par porter ses fruits. Le gouvernement de Mme Megawati Soekarnoputri a réagi en promulguant deux décrets d'urgence pour lutter contre le terrorisme. Le premier décret concerne des mesures antiterroriste, alors que le second autorise l'application rétroactive de ces mesures à l'attentat de Bali. Ces premières dispositions seront suivies par une loi antiterroriste en voie de finalisation avant qu'elle ne soit discutée par le Parlement. Une autre étape a été également franchie par Djakarta, qui a procédé hier à l'attestation de Abubakar Bachir, chef de la puissante Jamaah Islamiyah, une organisation implantée en Asie du Sud-Est qui aurait des liens avec Al-Qaïda. La police indonésienne, qui avait auparavant adressé une convocation au chef religieux pour l'auditionner, a changé son fusil d'épaule, hier, en procédant à son arrestation alors qu'il est toujours hospitalisé à Solo (île de Java). L'arrestation n'a pas manqué de provoquer des manifestations des partisans d'Abubakar Bachir. Des centaines d'entre eux ont manifesté pendant cinq heures environ près de l'hôpital gardé par la police. Cette dernière attend l'amélioration de son état de santé pourl'interroger. Les révélations faites par le koweïtien Omar, Al Farouk, détenu par les Etats-Unis et l'attentat sanglant de l'île de Bali ont précipité l'arrestation de Bachir. Al Farouk aurait indiqué avoir des liens avec le chef de la Jamaah Islamiyah, qui l'aurait autorisé à utiliser son organisation pour des attentats à la bombe contre des ambassades américaines en Asie du Sud-Est, durant le mois de septembre dernier. Abubakr Bachir affirme pourtant ne pas connaître Omar Al Farouk, et persiste à nier toute implication dans le terrorisme. Jusqu'à hier, la police indonésienne refusait d'arrêter le responsable de la Jamaâh Islamiyah, faute de preuves. Elle ne l'a même pas qualifié de suspect dans l'attentat de Bali. L'audition de Bachir est considérée comme un test crucial pour les autorités de Djakarta, accusées de laxisme par les puissances occidentales. Elles lui reprochent de ne pas avoir réagi alors qu'il était encore temps, malgré les nombreuses mises en garde sur la présence du réseau Al-Qaïda dans l'immense archipel indonésien de plus de 200 millions d'habitants. L'Indonésie met maintenant les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. 67 personnes, dont des étrangers, ont été interrogées par la police, mais aucune n'est considérée comme suspecte. Hier, le ministre indonésien de la Défense n'a pas hésité à parler de l'implication d'Al-Qaïda dans l'attente de Bali, qui a fait 186 morts. “C'est une attaque très professionnelle”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter: “Je pense à un groupe international terroriste en coordination et en coopération avec un groupe de terroristes ici.” L'enquête baptisée “Opération alliance” est menée par les policiers indonésiens et une centaine de policiers et d'experts étrangers. Djakarta se réveille brutalement de sa torpeur et met en place l'arsenal juridique nécessaire pour combattre le terrorisme. K. A.