Les responsables musulmans modérés d'Australie se sont engagés, hier, à lutter contre le terrorisme islamiste aux côtés du gouvernement, mais sans renoncer à leur liberté de critiquer l'engagement militaire de Canberra en Irak aux côtés des Etats-Unis. « Nous sommes tous des membres de la même famille », a lancé Ameer Ali, président de la Fédération australienne des conseils islamiques, lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre conservateur, John Howard, organisée à l'issue d'une réunion de 14 dignitaires musulmans dans l'enceinte du Parlement à Canberra. « Notre engagement est sans réserve pour la sécurité de ce pays, de tous les groupes qui vivent dans ce pays afin que nous puissions vivre dans une société harmonieuse à l'avenir », a ajouté M. Ali, évoquant une rencontre « historique, constructive et bénéfique ». L'ensemble des responsables rassemblés sous l'égide du chef du gouvernement ont dénoncé l'extrémisme, le terrorisme et l'enseignement de la haine, a-t-il assuré. « Il y a eu unanimité pour rejeter et répudier le terrorisme sous toutes ses formes et un engagement à travailler dans le cadre des lois de l'Australie et de la communauté australienne pour lutter contre le terrorisme », s'est félicité M. Howard. Une déclaration de principe a été adoptée par le gouvernement et les 14 responsables, a-t-il ajouté, précisant que la dialogue allait continuer. La rencontre avait été décidée à la suite des attentats de Londres en juillet, dont M. Howard avait souligné que les auteurs présumés étaient nés en Grande-Bretagne, relançant les craintes que des radicaux puissent se cacher au sein de la petite communauté musulmane australienne. Cette dernière ne représente que 1,5% de la vingtaine de millions d'habitants. L'Australie n'a jamais subi d'attentats islamistes sur son sol, mais 88 de ses ressortissants avaient été tués en 2002 dans une double explosion sur l'île indonésienne de Bali qui avait fait au total 202 morts. Cet acte terroriste a été imputé à la Jamaah Islamiyah (JI), considérée comme le relais d'Al Qaîda en Asie du Sud-Est. Les responsables des services de sécurité australiens estiment qu'une soixantaine d'islamistes sont prêts à frapper en Australie et qu'un attentat est inévitable. Interrogé sur sa position par rapport à Oussama Ben Laden, leader d'Al Qaîda, M. Ali a répondu : « Personne ne le soutient. Cela va sans dire que la majorité de la communauté ne le considère pas comme un responsable musulman. » S'adressant en début de journée aux dignitaires musulmans, M. Howard avait stigmatisé « certains responsables de la communauté » qui « viennent en aide au terrorisme ». « Et notre responsabilité est de travailler ensemble pour identifier les causes de ce (phénomène), pour en empêcher la propagation et tout faire pour s'assurer le concours du courant dominant de la communauté islamique d'Australie », a-t-il ajouté. Le dirigeant conservateur avait engagé son pays en Irak en dépit de l'opposition de la population. Environ 900 soldats australiens y sont déployés. Cet engagement a suscité des critiques de la part des responsables musulmans, mais « c'est la démocratie », a ajouté M. Ali. « Nous avons droit à nos propres opinions, mais nous ne sommes pas ici pour modifier la politique étrangère de ce pays », a-t-il déclaré.