Après cinq jours de procès, le verdict est tombé hier en fin d'après-midi. Lourd. Aussi lourd est le silence par lequel il a été accueilli dans la salle d'audience du tribunal de Bobigny, en banlieue de Paris. Au jury auquel une seule question a été posée, la plupart de ses membres (8 sur 11) ont répondu par oui. Ainsi, ils ont reconnu que Mounir Aït Menguellet est coupable du meurtre dans la nuit du 14 au 15 janvier 2004 de Maria de Jesus Lopès, une veuve d'origine portugaise, morte à l'âge de 72 ans. La cour n'a pas entendu les arguments de l'accusé qui a toujours nié avoir assassiné une personne pour laquelle il avait beaucoup d'affection et dont il était le confident. Elle était locataire dans un immeuble acheté par Lounis Aït Menguellet à Aubervilliers, une banlieue populaire et métissée de Paris qu'on appelle d'ailleurs Aubervillage. Des générations de Kabyles s'y sont succédé. Le chanteur avait fini par vendre l'immeuble, mais son fils continuait de rendre visite à ceux qui ont été ses voisins. Il avait noué des relations d'amitié et de confiance avec certains d'entre eux. Etudiant en anthropologie puis en droit, calme, cultivé, l'accusé ne présentait pas le profil d'un tueur. Ce que même l'avocat général, qui représente l'accusation, a reconnu. Lorsque le jeune homme a été appelé à la barre pour dire ses derniers mots avant que la cour se retire pour délibérer, il a pensé bien sûr à la victime, mais aussi à ses propres parents. Le père était là hier. Mais pas la mère, écrasée de douleur après avoir été appelée à témoigner mercredi. “Malgré des éléments que je ne comprends pas et que je ne m'explique pas, je suis incapable de commettre un tel crime envers une femme pour laquelle j'avais beaucoup d'estime. Je suis innocent. Je n'ai pas assassiné. Je n'y suis pour rien. Je tiens à présenter mes excuses à ma famille qui souffre à cause de moi pour un crime que je n'ai pas commis”, a-t-il dit. Des mots prononcés péniblement. Dans une douleur qui affleurait distinctement dans sa voix. Ainsi condamné, il a dix jours pour faire appel. Ce que son père a confirmé, avec l'espoir que l'enquête sera reconsidérée. Lounis Aït Menguellet : “La décision a été orientée dès le départ” “Je rends hommage au président de la cour qui a conduit les débats de manière impartiale, mais qui a malheureusement travaillé sur un dossier ficelé d'avance. L'enquête de police a été bâclée. La décision avait été orientée dès le départ par des fuites distillées dans la presse française, notamment le Journal du Dimanche. Aucune autre piste n'a jamais été explorée. On a le sentiment que les enquêteurs ne voulaient pas aller plus loin. C'est comme s'ils tenaient d'emblée le coupable idéal. Si cela n'est pas de l'injustice, c'est quoi ? Il y a eu un acharnement avec 29 experts désignés. Pour moi, ça fait quatre ans de calvaire, quatre ans de douleur contenue et intériorisée”...