De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur à l'issue d'un procès qui a duré moins de deux jours, le tribunal correctionnel de Bobigny (proche banlieue parisienne) a condamné cheb Mami à 5 ans de prison avec enfermement immédiat pour tentative d'avortement forcé de son ex-compagne le 28 août 2005 à Alger. A l'énoncé du verdict, le chanteur s'est pris la tête, cachant ses yeux en homme certainement abattu par la sentence applicable immédiatement. Il a dix jours pour faire appel. Le tribunal présidé par Jean-Dominique Launay a été moins sévère que le parquet qui avait requis, dans le réquisitoire prononcé la veille par la procureure Ophélie Champeaux, sept ans de prison pour celui qu'elle a qualifié de «co-organisateur» avec son manager Michel Levy, condamné à 4 ans de détention, de «violences d'un autre âge». Les deux autres accusés, absents du procès, Hicham Lazaar et Abdelkader Lallali, ont été condamnés par contumace, respectivement à 3 ans et 6 ans de prison. Le tribunal a délivré des mandats d'arrêt à leur encontre. A la fin de la première journée du procès, il était acquis qu'une lourde peine allait s'abattre sur Mami, dès lors qu'il a fini par reconnaître sa part de culpabilité dans le malheureux événement survenu il y a presque quatre ans. Après plusieurs versions, en se déchargeant sur ses complices, il a estimé avoir été «piégé» dans une opération qui l'avait «dépassé». «C'est contraire à mes principes, à ma religion. Je n'arrive pas à l'expliquer. J'ai fait une faute, c'est grave, le cauchemar. Je n'étais pas dans la villa mais je savais ce qui s'y passait», a-t-il déclaré au bord des sanglots. Il s'est défendu pour atténuer ses responsabilités en rejetant sur Michel Levy [Lecorre] l'instigation de l'opération. «C'était son idée […] J'ai accepté dans la panique. S'il n'avait pas proposé cette possibilité, je n'aurais jamais pensé à ça. Mais je n'ai rien fait pour l'arrêter», a assuré Mami. Le tribunal a été sensible à la thèse de la victime, une photographe de 43 ans qui se fait appeler Camille pour dissimuler sa vraie identité. Elle a raconté, dans une version qui a toujours été constante depuis l'époque, le fil des événements. De son arrivée à Alger, où elle a été accueillie à l'aéroport par Hicham Lazaar, collaborateur de Mami (absent du procès, condamné à 4 ans de prison par contumace), à la nuit passée dans la villa du chanteur où a été tenté l'avortement clandestin et forcé. Etourdie, a-t-elle dit, par un jus d'orange drogué, elle a été livrée durant plusieurs heures à deux avorteuses non identifiées qui ont tenté un curetage. Par miracle, qui s'expliquerait par une particularité morphologique de la victime, l'avortement forcé a échoué. Une fille est née quelques mois plus tard. Après des mois d'hésitation, Camille a déposé une plainte qui vient de connaître son dénouement au tribunal de Bobigny.