Après avoir envoyé une première fusée le 4 février dernier, Mahmoud Ahmadinejad a annoncé, hier, que Téhéran s'apprête à en expédier deux autres dans l'espace au cours des prochains mois, provoquant l'inquiétude des pays occidentaux et la Russie. Dans un discours à l'occasion du 29e anniversaire de la révolution islamique, le chef de l'Etat iranien s'est félicité, hier, du succès du lancement de la première fusée de fabrication locale, avant d'ajouter que “deux autres fusées seront lancées et nous espérons que le premier satellite construit localement sera placé sur orbite l'été prochain”. Pour rappel, la télévision iranienne avait diffusé lundi dernier des images montrant le lancement d'une fusée, ressemblant au missile Shahab-3, depuis un site en plein désert. Cette histoire de fusée n'a pas manqué, comme il fallait s'y attendre, de susciter la colère des pays occidentaux et même la réprobation de la Russie, un des rares soutiens avec la Chine de Téhéran, en cette période de pression des Etats-Unis et de leurs alliés. En effet, Moscou et Washington ont critiqué l'envoi de cette fusée, avertissant que cela ne ferait qu'isoler davantage la République islamique de la communauté internationale. Les Russes ont estimé que le lancement de fusées iraniennes faisait naître des “soupçons” d'une possible ambition nucléaire militaire de la part de ce pays. Quant aux Américains, ils n'ont pas mâché leurs mots pour critiquer cette opération. Après la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, qui avait affirmé : “C'est regrettable (...) car cela isole davantage le pays du reste du monde”, ce fut au tour du porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, de qualifier l'événement de “troublant”. La même source a ajouté que “le genre de technologies et les capacités nécessaires pour lancer un engin spatial en orbite sont les mêmes que celles qu'on emploie pour lancer des missiles balistiques à longue portée”. Paris a elle aussi fait part de son “inquiétude” tout en mettant en cause la nature de l'engin lancé. Pour la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Pascale Andréani, “Ce nouvel essai, présenté par les autorités iraniennes comme l'illustration d'un programme spatial alors que le missile en cause ne dispose pas de capacités extra-atmosphériques, est une source supplémentaire d'inquiétude”. Réagissant à ces critiques, Gholamhossein Elham, un haut responsable iranien, a affirmé que ce “succès scientifique” ne devrait inquiéter personne. Il a ajouté : “L'inquiétude est exprimée par des pays qui possèdent des armes de destruction, les développent en permanence et dont la politique est basée sur la menace et la pression.” Ceci étant, le président iranien a minimisé, hier, les pressions internationales liées au programme nucléaire de son pays en qualifiant de “bouts de papier” les résolutions de l'ONU, et a lancé une violente diatribe contre ses opposants en Iran. “Le peuple iranien ne bougera pas d'un iota de son droit à l'énergie nucléaire. Elles (les grandes puissances) ne doivent pas corriger leurs erreurs par une nouvelle erreur”, a averti Ahmadinejad en allusion au possible vote d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran. “L'affaire nucléaire est terminée. Les ennemis ne peuvent que jouer avec des bouts de papier. Ils ne pourront rien faire d'autre”, a-t-il réaffirmé. K. ABDELKAMEL