Amar Ghoul a assuré que le prix du péage sera à la portée de tous les automobilistes. Il a expliqué que le gouvernement prendra cette mesure pour financer, en partie, l'entretien de cette route. Aucune question ne semblait surprendre le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui s'est bien préparé à sa participation au Forum de l'ENTV, samedi soir. Il s'est même permis de donner un détail sur un projet à Illizi, en informant qu'il s'était déplacé sur les lieux pour l'inspecter. Ainsi, il n'était point dérouté quand on l'a interpellé, à plusieurs reprises, sur l'état désastreux des routes (nids-de-poule, ornières, chaussées gondolées…). Le membre du gouvernement a précisé que son ministère ne prend en charge que la construction et l'entretien des routes nationales. Les chemins de wilaya et communaux sont à l'actif des collectivités locales. Il a expliqué que son secteur a rattrapé un passif de 30 ans, en rencontrant de surcroît la contrainte de l'augmentation du parc automobile en un laps de temps très court. Les anciennes routes ont été conçues pour supporter la charge de 12 000 véhicules. Elles supportent, aujourd'hui, le poids d'environ 100 000 véhicules. “La pression sur les routes est énorme”, a-t-il épilogué. Selon Amar Ghoul, il y a dix ans, seulement 40% des routes nationales étaient dans un état acceptable. Le taux a atteint, en 2007, 89%. Les routes de wilaya assurent, à présent, à 75% de bonnes conditions de roulement contre 63% pour les voies communales. “L'effort continue”, a-t-il certifié en avançant des arguments. En 1999, le secteur recevait une dotation budgétaire limitée à 10 milliards de dinars. Il a bénéficié d'une enveloppe de 70 milliards de dinars, dans le cadre du plan de relance 2001-2005. Dans le programme de 2005 à 2009, environ 500 milliards de dinars sont alloués aux travaux publics. Il a indiqué qu'en 2007, son département a réussi à réhabiliter 18 000 kilomètres, alors qu'il était difficile d'entretenir plus de 1000 km par an, il y a quelques années. Le ministre a cité le plan d'orientation national des routes, “qui a une vision sur les projets futurs et prend en considération toutes les contraintes”. Il a indiqué que le gouvernement a décidé d'appliquer le péage sur l'autoroute Est-Ouest, qui recevra 85% du trafic national, dont 40% de poids lourds. “Il sera impossible de l'entretenir uniquement sur le budget de l'Etat.” Un bureau d'études étranger prépare un dossier sur les mécanismes d'application du péage. Des propositions qui seront d'abord soumises à l'approbation du gouvernement. Il a ajouté que cet ouvrage, qui a coûté très cher au pays, sera préservé selon des standards internationaux. Les relais et les services qui le borderont contribueront à son exploitation économique. Amar Ghoul a, néanmoins, rassuré en affirmant que le prix du péage sera à la portée de tous les automobilistes. “L'Etat n'est pas pressé d'amortir son investissement”, a-t-il soutenu. Un investissement aussi lourd qu'ambitieux. L'autoroute Est-Ouest, longue de 1 200 kilomètres, sera reliée aux agglomérations par 34 routes de wilaya (quelque 2 500 km), 1 600 échangeurs, 90 grands ponts et 6 tunnels. Interpellé sur l'augmentation des prix des matériaux de construction, qui pourrait influer sur le financement de ce projet, le ministre des Travaux publics a répondu que le budget de l'autoroute Est-Ouest a été plafonné, en ce sens qu'il prend en compte les fluctuations du marché. Le béton, plus résistant, sera utilisé sur certains tronçons, même s'il induit une majoration de 20% par rapport à l'usage de l'asphalte. “La qualité du béton est meilleure. Nous devons préparer les entreprises à cette technique. C'est la problématique.” Au chapitre des expropriations des résidences implantées sur le passage de l'autoroute Est-Ouest, le ministre des Travaux publics a indiqué que 11 820 familles ont été déjà indemnisées pour un montant estimé à 18 milliards de dinars. 909 autres familles, ne possédant pas d'acte de propriété, ont été relogées. “Les droits des expropriés sont réservés. Ceux qui ont été lésés seront réhabilités dans leurs droits. Nous avons donné des instructions fermes pour que les indemnisations soient équitables, justes et appliquées dans la souplesse de la loi.” Souhila Hammadi