La tension est montée d'un cran après de violentes émeutes à Belgrade, vivement condamnées par les Occidentaux, et qui ont fait un mort et une centaine de blessés après un rassemblement de masse contre l'indépendance du Kosovo. Un corps carbonisé qui n'avait pas été identifié hier matin a été retrouvé à l'ambassade des Etats-Unis, une des principales cibles des émeutiers. L'ambassade a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un de ses employés. Les saccages qui ont duré plusieurs heures ont fait 118 blessés dont 30 policiers, alors que trois blessés étaient toujours hospitalisés, selon des sources hospitalières. Des hooligans encapuchonnés ont provoqué un incendie à l'ambassade américaine, puis s'en sont pris à d'autres missions diplomatiques occidentales, attaqué des restaurants McDonalds et brisé de nombreuses vitrines. Washington et Bruxelles ont rapidement condamné les violences, de même que le Conseil de sécurité de l'ONU qui a rappelé le principe de l'inviolabilité des missions diplomatiques. Le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a averti hier que les négociations sur un accord d'association entre la Serbie et l'UE ne pourraient reprendre dans un climat de violence. Cette mise en garde risque de mettre en difficulté le président serbe Boris Tadic qui, malgré son opposition à l'indépendance du Kosovo, est resté favorable à l'intégration de son pays à l'UE. Absent du grand rassemblement de jeudi, M. Tadic avait rapidement appelé au calme à son retour d'une visite en Roumanie, un des pays de l'UE qui refuse de reconnaître le nouvel Etat kosovar. Mais la colère serbe contre l'indépendance du Kosovo a provoqué une vive tension dans les Balkans. Les Serbes bosniaques ont en effet plongé la Bosnie dans l'incertitude en proclamant qu'ils avaient le droit, à terme, de faire sécession, si l'ONU et une majorité des pays de l'UE reconnaissaient l'indépendance du Kosovo. Quelques rares hommes politiques serbes s'interrogeaient sur la réaction tardive de la police qui n'avait pas pris la précaution de protéger à l'avance les ambassades occidentales, alors qu'elles ont déjà été la cible d'émeutiers. Belgrade considère les Occidentaux, Etats-Unis et UE en tête, comme les instigateurs de l'indépendance kosovare, proclamée dimanche dernier. R. I./Agences