À moins de deux semaines d'une élection présidentielle jouée d'avance, le successeur de Vladimir Poutine a affirmé pour la première fois son autonomie face à son encombrant mentor. Dmitri Medvedev affirme que la Russie ne peut être dirigée que par un système présidentiel fort, un message en contradiction avec les dernières affirmations de Poutine qui parlait d'un Premier ministre aux pouvoirs d'un système parlementaire, après avoir accepté d'occuper cette fonction pendant toute la durée du mandat de cinq ans de Medvedev. Premier signes de désaccords entre le “maître” et son élève ! Une chose est certaine, en Russie, le pouvoir est au Kremlin et son futur locataire ne veut pas en être dépouillé. “Mon intime conviction, c'est que la Russie disparaîtra si elle se transforme en république parlementaire”, a tranché le futur maître du Kremlin. Poutine a rappelé lors de sa conférence de presse annuelle du 14 février avoir mis en place un programme de développement pour la Russie jusqu'en 2020. Dans un grand discours phare, prononcé dans une ville sibérienne en plein essor, son dauphin a promis d'assurer la liberté des médias russes qui permettent un lien d'aller retour entre la société dans son ensemble et les organes du pouvoir. Dans ce plaidoyer vibrant, le successeur de Poutine a dit aussi son engagement prioritaire en faveur de l'indépendance du système judiciaire et d'une justice égale pour tous. Sans oublier de s'en prendre aux bureaucrates qui briment la société, estimant notamment que ces derniers n'ont rien à faire dans les conseils de direction des compagnies russes. Ces déclarations, qui n'ont rien d'anodin, annoncent-elles un changement réel à la tête de l'Etat russe, avec l'arrivée de Dimitri Medvedev au Kremlin ? Sous Poutine, les médias ont été muselés massivement, les tribunaux manipulés et le parquet général devenu le cadre d'une gigantesque offensive contre tout ce qui n'est pas Poutine. Ses deux mandats ont également été marqués par un retour de la gestion bureaucratique de l'économie. Medvedev est crédité de 70% des voix à la présidentielle du 2 mars. D. B.