L'Association de protection contre le sida (APCS), créée en 1998, a organisé, jeudi, à la bibliothèque biomédicale, une projection d'un petit documentaire réalisé par les membres de l'association composée essentiellement de jeunes étudiants volontaire et de médecins. Ce documentaire dont le titre est Nadem est conçu assez simplement comme un support à l'organisation de débats et de rencontres d'information et de sensibilisation sur les risques du sida. Le documentaire, qui a suscité bien des réactions quant à la forme du message et ce qu'il sous-tend, raconte l'histoire d'un jeune étudiant qui tombe amoureux d'une jeune fille et qui se voit rattrapé par son passé de “débauche, alcool, virée nocturne, rapports sexuels non protégés avec des filles d'une nuit…”. Au moment où celui-ci découvre l'amour, se reprend parce qu'enfin il touche de près l'espoir d'une vie heureuse, d'une famille à construire, il apprend qu'il “est condamné” par le sida. Pour les jeunes qui étaient présents dans la salle de projection, le documentaire est un choc du point de vue émotionnelle, tout comme les images de cette femme médecin qui, tout de go, sans aucune précaution et préparation, annonce à notre héros malheureux qu'il est séropositif. Le documentaire aura eu quelque part l'effet escompté, lancer un débat et des échanges sur, d'abord, comment se protéger du sida quand on est jeune en Algérie et de parler de sexualité, de préservatif, qui est encore assimilé de façon très forte dans notre société à de l'incitation à la débauche et contraire à la morale religieuse. Ces tabous sont le plus souvent des barrières que les jeunes bénévoles de l'APCS peinent à contourner ou à “combattre”, et c'est également cette référence, peut-être involontaire, à la morale religieuse “la vie de débauche qui est punie par le sida” qui a dérangé des participants. D'ailleurs ce titre, Nadem, qui peut chez certains laisser penser qu'“en ayant respecté les principes de la morale et en ayant pas cédé à la tentation de la femme ( !)…”, ce jeune homme ne serait pas aujourd'hui condamné. Une vision manichéenne qui fausse en fait l'approche qui se doit être promulgué en urgence. C'est-à-dire aller vers une politique de prévention, donner la bonne information, à savoir comment se protéger, qu'elles sont les modes et les risques de contamination par le sida et cela sans porter de jugement, sans condamner ou, plus grave, sans désigner de coupable facile…Alors que dans la société d'aujourd'hui, les comportements sociaux font en fait exploser les tabous, se voiler la face est aberrant et prépare en fait l'Algérie à une véritable catastrophe dans l'avenir. Et ce n'est pas de l'action du mouvement associatif que l'on doit attendre la mise en place de politique de prévention. C'est aux pouvoirs publics responsables de l'organisation et la mise en place de cette politique et détenteurs des moyens adéquat que doit venir l'action, au lieu de se cacher derrière de faux rapports et de fausses données. D'ailleurs l'APCS se distingue pour avoir mis en place, avec l'appui de AIDES France, un centre de dépistage volontaire, le seul à Oran qui assure à toute personne qui s'y rend l'anonymat, la gratuité ainsi qu'une prise en charge entre soutien psychologique et information médicale. Malheureusement, l'existence de ce centre est quasi inconnue alors qu'il existe depuis près d'un an. F. BOUMEDIENE