Au cours d'une conférence de presse animée jeudi matin au siège de l'ONU, à l'occasion de la mise place du groupe d'experts indépendants chargés de faire des recommandations pour améliorer la sécurité du personnel des Nations unies dans le monde, dont il est le président, Lakhdar Brahimi a mis en avant “le sentiment d'impartialité dans la gestion des crises mondiales” par l'instance onusienne pour expliquer les attaques contre elle. À l'occasion de l'annonce jeudi de la composition du panel onusien devant présenter des propositions pour assurer la sécurité du personnel de l'ONU à travers le monde, l'ancien chef de la diplomatie algérienne, Lakhdar Brahimi, a fourni à la presse des explications sur les raisons qui font qu'elle est perçue par certains comme un “ennemi” et une “cible légitime” pour des attaques. De nombreuses personnes estiment que l'ONU “est devenue leur ennemi et est donc une cible légitime” pour lancer des attaques contre ses représentations, à cause d'un “sentiment de manque d'impartialité dans la gestion des crises mondiales”. “Je pense que l'ONU a été avertie que son drapeau n'est plus désormais une garantie de protection”, a-t-il également souligné. Pour rappel, la décision de mettre en place cette commission, que préside Lakhdar Brahimi, a été rendue publique le 23 janvier à Genève, lors d'une cérémonie au Palais des nations en hommage aux dix-huit employés de l'ONU tués dans un attentat à la bombe à Alger le 11 décembre 2007. Cet attentat à la voiture piégée avait visé les bureaux du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) dans le quartier d'Hydra, sur les hauteurs d'Alger. Au sujet de cette attaque terroriste, l'ancien envoyé spécial de l'ONU dans plusieurs points chauds de la planète et médiateur dans la résolution de plusieurs conflits a indiqué que le panel regardera “attentivement ce qui s'est passé à Alger et verra quelles leçons immédiates peuvent être tirées de cet événement extrêmement choquant et triste”, et se rendra dans plusieurs régions où l'ONU opère sur le terrain. Il a aussi annoncé que son équipe démarrerait ses travaux la semaine prochaine et serait notamment composée d'un Egyptien, d'un Indien, d'un Turc, d'un Sud-Africain et d'une Suédoise, et qu'il espérait remettre son rapport au secrétaire général Ban Ki-moon d'ici quelques mois. Pour mener à bien cette nouvelle mission, Lakhdar Brahimi aura à ses côtés, l'Egyptien Elsayed Ibrahim Elsayed Mohamed Elhabbal, l'Indien Anil Kumar Gupta, le Turc Umit Pamir, le Sud-Africain Thomas Boy Sibande et la Suédoise Margaretha Wahlstrom. Sans donner de date précise concernant le début des travaux du groupe, il a indiqué que la mission devrait durer un peu plus de six semaines, fera l'objet d'un “rapport qui émettra des recommandations quant aux améliorations à apporter au système et aux pratiques propres à l'organisation, ainsi qu'aux ressources supplémentaires nécessaires pour faire face à ces nouveaux défis”. Avec ses collaborateurs, il tentera d'évaluer les nouveaux risques et défis auxquels l'Onu doit faire face. Il s'agira de recenser les questions stratégiques essentielles à la mise en œuvre et au renforcement des mesures liées à la sécurité du personnel et des locaux des Nations unies. Lakhdar Brahimi a précisé que les six membres du groupe “se rendront dans différents lieux d'affectation du personnel de l'Onu afin d'évaluer les risques encourus et d'analyser la capacité du système des Nations unies à répondre à ces défis”, et à ce titre, a-t-il ajouté, ils rencontreront des représentants des gouvernements concernés ainsi que des membres du personnel de l'Onu et des hauts responsables au secrétariat de l'ONU et dans l'ensemble du système de l'organisation internationale. Il a également précisé que le groupe se tenait à la disposition des membres du personnel de l'Onu qui souhaiteraient communiquer leurs expériences, opinions ou suggestions. L'objectif de la mise en place du groupe est d'“évaluer le degré de vulnérabilité inhérent aux activités des Nations unies dans le monde afin de renforcer la confiance du personnel de l'ONU dans les mesures de sécurité et s'assurer de leur crédibilité auprès des Etats membres, de la société civile et des autres parties prenantes concernées”, a affirmé Brahimi. Le panel aura à s'atteler à l'examen des réponses fournies par des pays hôtes aux demandes de l'ONU en matière de sécurité tout comme il identifiera les enseignements fondamentaux à tirer des rapports précédents sur la question, dont le rapport préliminaire que le Département de la sécurité et de la sûreté a publié le 11 janvier dernier sur les dernières attaques terroristes. K. ABDELKAMEL