L'ambassadeur des Etats-Unis a répondu hier à la déclaration de Belkhadem dénonçant la réunion avec les partis politiques tenue au siège de la représentation diplomatique américaine à Alger. Usant de subtilité, mais aussi de la langue de bois, M. Ford a essayé d'atténuer l'ampleur de l'affaire sans toutefois nier les faits. “Comme c'est le cas dans chaque pays où les Etats-Unis ont une mission diplomatique, l'ambassade des Etats-Unis à Alger rencontre tous les jours des partis politiques, des membres de la société civile et du monde des affaires, ainsi que des officiels du gouvernement. En harmonie avec les normes reconnues dans la pratique diplomatique, lors de ces réunions, nos diplomates discutent de questions d'intérêts communs pour les Algériens et les Américains, comme la démocratie, le pluralisme politique, les droits de l'Homme, la société civile et le développement économique”, a justifié le diplomate américain se contentant de ces généralités, alors que la question est liée principalement à la politique interne du pays débattue avec des partis politiques des personnalités et des associations. Nombre de témoignages évoquent des questions précises posées à l'ambassade. Cela sachant que la coopération et les relations bilatérales relèvent de cadres officiels connus. Et sous prétexte d'un dialogue entre les deux peuples, dans un souci de compréhension, l'ambassade américaine cherche l'information en ratissant large dans la société et les partis politiques, certains des partis dits de l'opposition. Démocratie, élections, troisième mandat… autant de questions qui aiguisent la curiosité américaine pour convoquer un large éventail représentatif, selon cette optique, pour se faire une idée plus précise sur ces sujets. Bien des invités ont par ailleurs décliné l'invitation à ces rencontres à cause justement du contenu de “ce dialogue pour une compréhension mutuelle”, tant ce contenu est perçu hors cadre diplomatique et à la limite de l'ingérence. En quoi la position d'un syndicat sur le troisième mandat ou la révision de la Constitution peut-elle intéresser l'ambassadeur ? Comment une telle question peut-elle constituer un dialogue ? Le Chef du gouvernement n'a pas ménagé son discours pour dénoncer cette ingérence directe dans les affaires internes du pays, à commencer par les déclarations de Welch et ensuite de M. Ford qui n'a pas cessé depuis son arrivée à Alger de multiplier les “provocations”, allant jusqu'à annoncer sur le site de l'ambassade deux attentats terroristes avec précision des cibles à Alger. Une attitude qui relève plus du fait accompli que des usages diplomatiques. Ce qui a soulevé l'ire de Belkhadem qui, tout en dénonçant ces manquements, a invité les partis politiques à ne pas se rendre aux réunions qu'organise cette ambassade. Devant cette riposte directe, l'ambassadeur, comme les fois précédentes, s'est fendu d'une réponse détournée et évasive pour justifier son “comportement”, mais aussi éviter toute explication. Et de noyer le problème dans des considérations liées aux relations entre les Etats-Unis et l'Algérie. “Les relations bilatérales et les échanges entre les Etats-Unis et l'Algérie ont connu une amélioration importante lors de ces dernières années. Nous avons beaucoup de programmes de coopération en cours dans des domaines tels que l'éducation, la modernisation de la justice, le développement économique et la promotion des exportations algériennes hors hydrocarbures. Nous sponsorisons aussi un nombre croissant de programmes d'échanges et de formations, ainsi que les bourses pour les étudiants algériens désirant étudier aux Etats-Unis. Le travail de l'ambassade avec divers représentants du gouvernement algérien, de la société civile et des organisations privées rend tous ces programmes possibles dans l'intérêt de nos deux pays”, a-t-il écrit dans sa réponse. Comme s'il ne s'agissait que de cela. Djilali B.