Le porte-parole de l'ambassade US à Alger a tenu à préciser que “les diplomates de l'ambassade des Etats-Unis comprennent l'importance de ne pas s'ingérer dans les affaires politiques internes de l'Algérie” en arguant du fait que “dans nos réunions avec des Algériens, nous faisons attention à ne pas exprimer nos opinions portant sur le système politique algérien”. Dans une déclaration rendue publique, le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Alger, Rafik Mansour, a nié l'existence d'une crise entre la représentation diplomatique US et le ministère algérien des Affaires Etrangères, tout en prenant le soin de rappeler les propos du 4 mars dernier du ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, selon lesquels aucun représentant de l'ambassade des Etats-Unis n'a été convoqué. “Et ceci reste vrai à ce jour”, précise le porte-parole. Plus loin, Rafik Mansour revient sur le respect des normes diplomatiques en affirmant qu'“à chaque fois que le ministère des Affaires Etrangères demande une entrevue avec un diplomate américain, nous répondons sur-le-champ… et nous ne refusons de convocation sous aucun prétexte”. Le porte-parole a également tenu à préciser que “les diplomates de l'ambassade des Etats-Unis comprennent l'importance de ne pas s'ingérer dans les affaires politiques internes de l'Algérie” en arguant du fait que “dans nos réunions avec des Algériens, nous faisons attention à ne pas exprimer nos opinions portant sur le système politique algérien”. En reprenant la déclaration du sous-secrétaire d'Etat aux affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, David Welch, lors de sa récente visite à Alger, le porte-parole conclut que “les questions concernant l'avenir politique en Algérie sont du ressort des Algériens, et des Algériens seuls”. Cette précision de l'ambassade des USA en Algérie intervient dans un contexte politique et diplomatique marqué par les accusations d'Alger sur les multiples tentatives d'ingérence de l'ambassadeur Robert S. Ford dans les affaires internes du pays, notamment le processus politique lié au projet de la révision de la Constitution et les appels pour une réélection du président Bouteflika pour un troisième mandat. Abdelaziz Belkhadem, Chef du gouvernement, n'avait pas hésité à l'ouverture de la session du printemps de l'APN de reprocher à l'ambassadeur US à Alger de transgresser les règles et usages diplomatiques en vigueur en recevant des associations et partis politiques, afin d'évoquer les échéances électorales prochaines en Algérie. Cette attitude de Robert S. Ford a créé une mini-crise diplomatique entre Alger et Washington, d'autant que le gouvernement algérien ne comprenait pas les tenants et les aboutissants de ce qu'il a considéré comme une ingérence de la première puissance mondiale dans ses affaires internes. Les mises au point de Robert S. Ford sur les intentions américaines en Algérie n'ont pas permis d'apaiser les tensions, même s'il reste évident que les relations entre les deux Etats ne sauraient être compromises par la seule personne de l'ambassadeur dont le départ d'Alger est prévu dans trois mois. Les milieux diplomatiques considèrent d'ailleurs que l'importance des relations bilatérales est au-dessus de tout “conflit” ou “mésentente” passagère due à une incompréhension sur telle ou telle question. À cet effet, les mêmes milieux estiment avec force arguments à l'appui que les agissements de Robert S. Ford ne peuvent avoir de sérieuses conséquences sur les relations entre les deux pays. Et ce, pour trois raisons essentielles. La première tient lieu du fait que Robert S. Ford, même s'il connaît plus au moins le monde arabe, il n'en reste pas moins que l'Algérie a été son premier poste en tant qu'ambassadeur. On peut envisager que cette tension va naturellement s'estomper avec le départ du principal concerné. Il est vrai que ce départ ne va pas, bien entendu, réjouir les officiels algériens même s'il va contribuer à l'apaisement. Mais tout dépend aussi de son remplacement. Les précisions du porte-parole laissent clairement entendre que les relations entre les deux pays ne sauraient être altérées par d'autres considérations liées à des intérêts personnels ou de lobbies. Secundo, il faut bien admettre que la qualité des relations, notamment dans le domaine sécuritaire, la lutte contre le terrorisme et le secteur énergétique, a permis de densifier les canaux de communications entre les deux pays. Tertio, les échéances politiques de 2009 intéressent Washington au même titre que l'élection présidentielle américaine de novembre 2008 est aussi observée par les Algériens. Ainsi, ce chassé-croisé électoral favorise, il faut bien le relever, paradoxalement un statu quo. Les deux côtés se gardent ainsi de s'impliquer dans les processus politiques. C'est ce qui explique encore une fois la déclaration du porte-parole de l'ambassade US à Alger. Par ailleurs, il ne faut pas compter sur les officiels algériens pour se prononcer sur une quelconque préférence républicaine ou démocrate, à quelques mois de la présidentielle américaine. Même si, et l'histoire est là pour le prouver, l'Algérie a toujours été à l'aise avec les républicains. Wait and see. Salim Tamani