Alger suit avec attention l'évolution du dossier. Elle est favorable à un consensus européen sur le sujet et un appui des institutions de l'UE au projet. Le compromis auquel sont arrivés Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, lundi dernier à Hanovre (nord de l'Allemagne), sur “l'union pour la Méditerranée”, a été un “accord clair”. C'est ce qu'a assuré hier le porte-parole de la chancelière, Ulrich Wilhelm, démentant toute divergence d'approche avec Paris à propos de ce projet. Le Premier ministre François Fillon avait affirmé, avant-hier, que le compromis s'appuyait sur une structure existante, l'Union de la Baltique (appelée aussi Conseil des Etats de la Baltique). Il avait expliqué que dans l'Union de la Baltique, “l'Allemagne a un rôle particulier et la France n'a qu'un rôle d'observateur”. Il ajoutera ensuite à l'adresse de Berlin : “On va faire l'union de la Méditerranée, vous serez associés à tout mais reconnaissez que la France et les pays riverains de la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer dans la mise en œuvre de ce projet.” C'est ainsi que le président français M. Sarkozy a soumis, lors de sa visite en Algérie, le projet à Abdelaziz Bouteflika. Il lui a fait valoir le “rôle de pivot” que jouera l'Algérie dans cette union de la Méditerranée. Pour sa part, le chef de l'Etat a conditionné son adhésion à cette démarche par l'implication de tous les pays européens, notamment ceux situés sur le bassin méditerranéen ainsi que leurs institutions. Lors d'un point de presse régulier du gouvernement allemand, M. Wilhelm a désamorcé la portée de ces propos en jugeant que François Fillon a donné son interview mardi matin tôt, et que cette interview “n'était pas faite encore, à l'évidence, sur la base de la teneur de l'entretien de Hanovre” de lundi soir. “Il y a un accord clair entre la chancelière et le Président, il prévoit que le processus de Barcelone, qui existe depuis 1995, soit placé à un niveau supérieur et soit développé dans le but de devenir une union pour la Méditerranée.” Ce projet, a ajouté M. Wilhelm, “doit être un projet de tous les 27 pays de l'Union européenne et de la Commission européenne avec les pays riverains de la Méditerranée qui ne sont pas membres de l'UE”. Le Président et la chancelière ont dit clairement à Hanovre qu'aucun débat public ne doit être mené actuellement sur les détails, mais qu'il s'agit d'informer d'abord tous les partenaires et de discuter ensuite intensivement avec eux. Ce sera fait la semaine prochaine à l'occasion du Conseil européen, où les idées devraient être présentées aux 25 autres chefs d'Etat et de gouvernement. La chancelière a déjà, faut-il le souligner, évoqué ce thème avec le président en exercice, le Premier ministre slovène Janez Jansa. Synthèse R. E.