Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont tenter de coordonner leurs positions aujourd'hui à l'occasion d'une rencontre à Berlin. Les discussions entre le président français et la chancelière allemande porteront notamment sur les modalités de la future gouvernance économique, à la fois pour les vingt-sept pays de l'Union européenne et les seize de la zone euro. Les deux chefs d'Etat et de gouvernement vont se retrouver pour une réunion, suivie d'un dîner de travail et d'une conférence de presse, afin de préparer les prochaines échéances internationales: le conseil européen du 17 juin et les sommets du G-8 et du G-20 organisés au Canada du 25 au 27 juin. L'UE met la dernière main aux modalités techniques du fonds de stabilisation de 750 milliards d'euros annoncé voici un mois pour enrayer la spéculation contre la monnaie européenne. De son côté, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, présente lundi à Luxembourg aux ministres des Finances des Vingt-Sept ses premières propositions sur la gouvernance économique de l'Union Les diverses facettes de ces dossiers ont suscité d'âpres discussions, du fait, notamment, des réticences de Berlin, sous l'oeil de partenaires américains inquiets des risques de contagion de la crise de la dette grecque. "Il ne peut pas y avoir de désaccord entre l'Allemagne et la France sur des sujets de cette importance", déclarait cependant Nicolas Sarkozy le 20 mai à la presse. La présidence française estime ainsi que la crise "a fait bouger les lignes" sur la création d'un véritable gouvernement économique de l'Europe, pomme de discorde entre la France et l'Allemagne en 2008. L'Allemagne s'était alors opposée à l'idée défendue par Nicolas Sarkozy de réunions régulières des seize chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro pour parler économie. "Plus personne aujourd'hui ne remet en question la nécessité d'un gouvernement économique en Europe et personne ne conteste que ce gouvernement économique relève d'abord des chefs d'Etat et de gouvernement", assure aujourd'hui l'Elysée. Il ne s'agit plus de savoir s'il doit se situer au niveau des Vingt-Sept de l'UE ou du sous-ensemble des Seize de la zone euro, dit-on de même source. "Ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est les deux et l'enjeu c'est de trouver le juste équilibre." "Les Français comme les Allemands sont convaincus que la gouvernance économique se joue à 27 et à 16. Les Allemands aussi savent qu'il y a un besoin de gouvernance au niveau de la zone euro", ajoute la présidence française. Toute la question serait maintenant de savoir comment articuler les deux niveaux de gouvernance et de définir leur forme et leur degré d'institutionnalisation. La France est favorable à la mise en place d'un secrétariat au niveau de la zone euro pour donner un caractère concret à la gouvernance à 16 mais elle reste inhabituellement discrète. "Il y a plusieurs pistes sur la table dont celle-ci. Le débat est complètement ouvert à ce stade", dit-on à l'Elysée. Contrairement au passé, Nicolas Sarkozy s'astreint, depuis le début de la crise grecque, à ne pas tirer la couverture à lui et à ne rien dire qui puisse mettre en difficulté Angela Merkel en Allemagne ou alimenter la spéculation contre l'euro par l'étalement au grand jour de désaccords franco-allamands. "Le président considère que le meilleur moyen de faire prospérer le débat et d'avancer c'est de conserver une forme de confidentialité aux échanges, aux discussions, aux réflexions qu'on mène en commun", explique la présidence française. Le ministre allemand des Finances, Wolgang Schaüble, a ainsi accepté le 21 mai que le groupe de travail Van Rompuy sur la gouvernance économique se concentre sur des propositions qui ne nécessite pas une modification des traités européens. Son homologue française, Christine Lagarde, qui avait critiqué les décisions allemandes d'interdiction de ventes spéculatives de titres "à découvert", a assuré vendredi que Paris et Berlin étaient "globalement" d'accord sur le principe. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui devraient aussi parler stratégie économique à long terme et coordination des stratégies de sortie de crise à court terme, ont l'un et l'autre besoin de redorer sur la scène européenne et internationale un blason passablement terni sur leur scène nationale respective. Tous deux ont récemment essuyé un revers électoral - les élections régionales de mai en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de mars en France - et sont au plus bas dans les sondages.