“Si on compare la statistique algérienne à celle d'autres pays en voie de développement ou passant d'une économie planifiée à une économie ouverte à la concurrence, celle-ci dispose de beaucoup d'avantages, notamment d'opérations statistiques de qualité et de cadres bien formés. Les progrès accomplis, depuis l'évaluation effectuée début 1997 par Eurostat, dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, sont importants. Mais les lacunes restent nombreuses et l'appareil statistique est fragile, avec un encadrement supérieur souvent âgé et une grande rotation des cadres récemment recrutés”. C'est ce qui ressort du diagnostic d'ensemble du système national d'information statistique de l'Algérie. L'étude a été confiée à la société XL. L'objectif était de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie pour le redéploiement et le développement du système national d'information économique et social, conformément aux normes internationales. Le constat est que dans la conjoncture actuelle de libéralisation de l'économie, l'Algérie manque incontestablement d'une “boussole”. Ce constat est partagé d'ailleurs par la majorité des opérateurs économiques, mais aussi par de nombreux cadres d'institutions de l'Etat. Le rapport de synthèse de la société XL met en exergue “la grave lacune dans le fonctionnement des structures statistiques en place”. Le Conseil national des statistiques, créé par décret législatif du 15 janvier 1994, “ne s'est plus réuni depuis près de trois ans”, alors que, normalement, toute enquête statistique publique doit être accompagnée d'un visa de ce conseil. Cette société, dans son diagnostic, parle de nomenclature non harmonisée entre ministères, de mauvaise circulation des informations entre services, de double emploi et de méconnaissance des besoins des autres services. L'utilisation des fichiers administratifs pour l'information économique et sociale est relativement faible en Algérie, nous dit-on. La diffusion des informations statistiques est insuffisante. Par secteur, la société XL révèle la performance du système de diffusion des statistiques agricoles. En revanche, pour les entreprises non agricoles des insuffisances ont été relevées. L'enregistrement par l'ONS du stock d'entreprises existantes, contenues dans les fichiers de la direction générale des impôts, a duré environ cinq années. Il est maintenant terminé pour les personnes morales. Le répertoire contient, actuellement, 83 000 personnes morales, 400 000 personnes physiques et 10 000 entités administratives. “Sa qualité est difficile à apprécier, mais il est certain que beaucoup d'entreprises disparues y figurent, que certaines y figurent même deux fois, que l'activité principale est erronée, que la taille de l'entreprise (chiffre d'affaires, nombre de salariés…) est mal ou pas du tout appréhendée”. Le NIS (numéro d'identification statistique), pourtant obligatoire, est très peu utilisé. La société XL affirme que la coordination entre les acteurs du système national d'information statistique est patente. Chacun fonctionne selon sa logique et parfois donne des chiffres qui contredisent ceux des autres sources. M. R.