Ceci pour dire que longtemps, trop longtemps, certains Etats maghrébins ont joué à la politique de l'autruche pour conjurer le sort, alors que l'évolution de la scène sécuritaire dans la région donnait des signes qui ne pouvaient tromper personne. La mise en doute par les autorités tunisiennes de l'enlèvement sur leur territoire de deux ressortissants autrichiens s'inscrit, après tout, dans la logique que ce pays a toujours développée autour du terrorisme depuis que la violence a fait son apparition dans la région du Maghreb. Plus prosaïquement, le terrorisme, c'est une affaire algérienne aux yeux des Tunisiens. Donc, il ne faut pas s'étonner outre mesure que la Tunisie oppose un net démenti à la revendication de cet enlèvement par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb et dirige le regard vers son voisin algérien. “Le couple aurait passé la frontière tunisienne en pénétrant trop en profondeur dans le désert”, affirmaient encore hier des sources officielles tunisiennes. Comme quoi les touristes autrichiens se sont mis en danger en s'aventurant hors de ce territoire. C'est ce que disaient, il y a quelques années, le palais royal quand des manifestations de violence terroriste venaient à écorcher cette image idyllique du tourisme marocain. Ceci pour dire que longtemps, trop longtemps certains Etats maghrébins ont joué à la politique de l'autruche pour conjurer le sort, alors que l'évolution de la scène sécuritaire dans la région donnait des signes qui ne pouvaient tromper personne. Sauf, peut-être, pour ceux qui continuent à dénier au terrorisme le caractère transnational et à feindre de croire que le terrorisme est un phénomène spécifique à l'Algérie puisque, selon eux, il est une suite logique de conditions politiques qui avaient prévalu un certain moment en Algérie. Les pays du Maghreb ont perdu de nombreuses occasions pour unir leurs forces au service de la lutte antiterroriste. Le Maroc comme la Tunisie n'ont jamais été et ne seront jamais à l'abri du terrorisme. Et il serait salutaire pour toute la région du Maghreb qu'ils fassent pour une fois l'économie de cette fausse impression de “havres de paix” qu'ils entretiennent pour marquer, tourisme oblige, leur différence sur le chapitre sécuritaire avec l'Algérie. Z. B.