La visite du ministre des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, l'émir Saoud Al-Fayçal, en Algérie, intervient à un moment où les regards des observateurs de la scène proche-orientale sont tournés vers les contacts interarabes concernant le sommet de Damas, qui doit avoir lieu les 28 et 29 mars. Vraisemblablement, le mémorandum sur la consultation politique, signé hier entre l'Algérie et l'Arabie Saoudite à l'issue de l'audience accordée par le président de la République Abdelaziz Bouteflika au ministre des Affaires étrangères saoudien, trouve déjà une amorce, dans l'incertitude qui entoure la participation ou le niveau de représentation des Etats membres du Conseil de coopération du Golfe au prochain sommet arabe, qu'accueillera pour la première fois la Syrie. En prévision de ce sommet, plusieurs pays ont déjà reçu des invitations officielles et promis de participer au plus haut niveau. Cependant, en raison des tensions existant aujourd'hui entre les pays arabes, le sommet de Damas risque d'être tronqué. Ces tensions sont particulièrement perceptibles entre la Syrie et l'Arabie Saoudite. Et il semble bien que le dossier libanais en soit l'origine. Selon des médias arabes, l'Arabie Saoudite pourrait boycotter le sommet de Damas ou envoyer une délégation de bas niveau si la question du vide présidentiel au Liban n'était pas réglée au préalable. Les relations entre ces deux pays sont très tendues et le royaume wahhabite semble déterminé à recourir à l'escalade après avoir muté à Manama son ambassadeur accrédité à Damas. Riyad a cependant qualifié cette mesure de “routinière”. La Syrie de Bachar Al-Assad, qui entretient actuellement des relations tendues avec le gouvernement libanais, avait affiché sa ferme attention de conditionner l'invitation de Beyrouth et Riyad au sommet arabe par l'élection d'un nouveau président au Liban. Mais certaines sources indiquent, par ailleurs, que les Syriens souhaitent voir venir à Damas un autre représentant que Siniora, alors que l'Arabie Saoudite appuie ce dernier et son gouvernement. Rappelons que le dossier de la crise libanaise a déjà fait l'objet de contacts interarabes en marge du sommet de Dakar des pays islamiques, dans le but d'assainir les relations entre la Syrie et l'Arabie Saoudite en prévision du sommet arabe de Damas. L'Algérie pourrait donc jouer le rôle de médiateur entre la Syrie et le royaume wahhabite pour désamorcer une crise ouverte entre les deux pays. En ce sens autant Damas que Riyad reconnaissent au président Abdelaziz Bouteflika l'expérience et la diplomatie nécessaires au rapprochement des points de vue. D'autant mieux que l'Algérie entretient d'excellentes relations avec les pays de la région proche-orientale Le mémorandum de consultation politique entre l'Algérie et l'Arabie Saoudite trouve également matière dans la question palestinienne. Plusieurs sources arabes assurent que la question palestinienne doit figurer en tête des priorités du sommet de Damas en raison de la poursuite des massacres et du blocus israéliens. Aussi est-il important de soutenir la résistance du peuple palestinien. Zahir Benmostepha