Alger face aux fractures arabesL'union des arabes fait leur force » : le slogan du 20e sommet de la Ligue arabe de Damas prévu les 29 et 30 mars a quelque chose de surréaliste. De l'avis de nombreux observateurs, cette rencontre ne fera qu'approfondir les failles des dissensions interarabes. Aux côtés de la question palestinienne et de la situation en Irak cinq ans après l'invasion, le dossier du Liban qui se trouve sans président depuis novembre 2007 cristallisera les tensions. L'Arabie Saoudite menace de peser sur le sommet par son hostilité à Damas — à qui Riyadh doit faire passer la présidence tournante de la Ligue — en brandissant la menace d'une délégation de moindre importance. Pour Riyadh, la Syrie – ancien tutelle du Liban – empêche toute solution viable au pays du Cèdre. A Beyrouth, le gouvernement Seniora n'a pas donné encore suite à l'invitation syrienne et réserve sa réponse pour l'après 25 mars, date de l'élection présidentielle reportée 16 fois. D'ailleurs, des pôles de la majorité libanaise, dite antisyrienne, refuse que le Liban participe à un sommet sous la houlette de Bachar Al Assad. Damas, qui ne reconnaît pas le Liban — pas de représentations diplomatiques entre les deux pays — a envoyé l'invitation au sommet via un haut fonctionnaire des Affaires étrangères syrien, non pas du chef de l'Etat comme le veut le protocole, et qui l'a remis au ministre des AE libanais... démissionnaire. Hier, la presse libanaise a longuement commenté l'état de fait pronostiquant un refus du gouvernement de Seniora de prendre part à la rencontre de Damas. Un sommet qui risque de se dérouler en l'absence de l'unique président chrétien arabe. Une première. L'Algérie, pour sa part, sera présente au sommet. Le 13 mars, en marge du sommet de l'Organisation de la conférence islamique à Dakar au Sénégal, le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré au vice-président syrien Farouk Charaâ qu'il serait personnellement présent au sommet de Damas. Moins d'une semaine après, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al Fayçal, atterrit à Alger, insiste sur une « une vision commune sur les moyens de sortir de (la) crise (libanaise) » et signe avec son homologue algérien un singulier mémorandum d'entente pour la création d'un « mécanisme de concertation » entre les deux ministères des AE. Est-ce à dire que le cadre de la Ligue arabe est moins efficace pour la « concertation » ? Alger entretient des relations traditionnelles avec Damas, mais aussi avec les autres pays arabes : on se souvient de ses efforts lors de la signature des accords de Taef en Arabie Saoudite en 1990 qui ont mis fin à 15 ans de guerre civile libanaise. Fin mars, à Damas, quel rôle jouera l'Algérie sur les différentes lignes de fractures arabes ?