A une dizaine de jours de la tenue à Damas du sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe, la diplomatie des pays de la région connaît un mouvement inhabituel. Le ministre des Affaires étrangères saoudien Saoud Al Fayçal est arrivé hier à Alger pour une visite officielle dont le principal ordre du jour est ce fameux sommet dont la réussite est conditionnée par le règlement de la crise libanaise. L'émir saoudien l'a bien souligné à son arrivée à Alger en mettant la Syrie devant le défi de réussir son sommet qui a échappé aux tentatives de le faire capoter avant même sa tenue. « Nous souhaitons que le sommet de Damas puisse contribuer au règlement de la question libanaise », a indiqué Saoud Al Fayçal en notant que la crise que traverse le Liban est la question de l'heure. Le chef de la diplomatie saoudienne dit craindre pour l'unité du Liban « en dépit de plusieurs interventions de nombreux pays, notamment de la part de la Ligue arabe et nonobstant les solutions équitables proposées pour le règlement de cette question, la situation demeure inchangée et menace ainsi l'unité du Liban », explique-t-il et d'espérer que son entretien avec le président Bouteflika aboutira à « une vision commune sur les moyens de sortie de crise ». Et d'ajouter qu'il existe « une position arabe collective » sur la question libanaise. Il est à rappeler que le Liban qui n'a pas encore répondu à l'invitation syrienne pour le prochain sommet n'a toujours pas de chef d'Etat, car son élection demeure sujette à une grave divergence de vues entre pouvoir et opposition. Une guerre par presse interposée s'est d'ailleurs embrasée entre l'Arabie Saoudite et la Syrie au sujet du pays du Cèdre. L'Arabie Saoudite n'a pas hésité à ouvrir un front antisyrien l'accusant de freiner la solution de la crise libanaise en bloquant la tenue du scrutin présidentiel. La Syrie a pour sa part répondu par des accusations contre des tentatives du royaume wahhabite de déstabiliser Damas à travers le Liban. Certains médias ont même parlé de mini sommet à Charm Al Cheikh devant réunir l'Arabie Saoudite, l'Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes unis et le Koweït afin de décider du niveau de représentation au sommet de Damas. Aucune confirmation n'est venue soutenir cette hypothèse qui, dans le cas de sa concrétisation, pourrait arranger les tentatives de faire échouer la rencontre arabe à Damas. Les Etats-Unis ont d'ailleurs vertement appelé les chefs d'Etat arabes à réfléchir avant de décider de participer à ce sommet en justifiant cette « injonction » par l'enlisement de la crise libanaise du fait syrien. La Syrie est déterminée à poursuivre les préparatifs du sommet arabe malgré ces pressions externes, en étant déterminée à sauver ce qui reste de cette tribune de discussion arabe. Notons que l'Algérie a exprimé sa volonté de participer au sommet des chefs d'Etat arabes prévu la fin du mois en cours en Syrie.