Le député néerlandais d'extrême droite, Geert Wilders, met son projet à exécution. Son film Fitna, de 17 min, sur le Saint Coran qu'il «compare» au Mein Kampf, est sur Internet depuis jeudi. Violences terroristes. Attentats contre les tours jumelles du World Trade Center en 2001 aux USA. Propos antisémites prêtés à des responsables de la République islamique d'Iran. Image rétrograde de la femme musulmane. Sourates du Coran interprétées pour justifier certains châtiments contre les non-musulmans. Pendaisons, mutilations génitales...Toute la panoplie d'un amalgame savamment dosé est passée en revue. Tout cela est présenté dans quel but? Prévenir «l'Europe et les Pays-Bas» contre les dangers d'un Islam présenté dans une version des plus rétrogrades. Ces images d'un Islam aux antipodes de ce qu'il est réellement, sont déjà relayées par de nombreuses chaînes de télévision. La diabolisation de la religion musulmane suit son cours sur les traces des caricatures danoises. Avec un bruit de page déchirée, le «film» est conclu sur un blanc-titre: «Ce n'est pas à moi, mais aux musulmans eux-mêmes de déchirer les versets malveillants du Coran.» Le message ultime adressé à qui? Aux musulmans? Aux juifs? Aux chrétiens? Ou bien alors à tous les racistes et fascistes du monde. «Arrêtons l'islamisation. Défendons notre liberté», ce slogan est porté par Geert Wilders, chef d'un parti d'extrême droite hollandais, de 9 députés sur 150, comme une étoile tatouée sur son front. Son funeste projet date du mois de novembre 2007. L'Iran, l'Egypte et certains pays musulmans ont exprimé une vive indignation. Ils ont même fait planer de sérieuses menaces de boycott économique contre les Pays-Bas en guise de représailles contre des attaques qualifiées de gratuites. Ce qui ne semble pas, outre mesure, constituer la préoccupation première du chef de l'extrême droite néerlandais. Il a estimé que le film était «convenable» et qu'il «n'enfreint pas la loi», selon l'entretien rapporté par l'Agence de presse néerlandaise (ANP). Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fermement condamné hier la diffusion sur Internet du film anti-islamique d'un député d'extrême droite néerlandais, jugeant que rien ne «justifie un discours de haine ou l'incitation à la violence». «Je condamne dans les termes les plus forts la diffusion du film ouvertement anti-islamique de Geert Wilders», a dit M.Ban dans une déclaration lue par sa porte-parole Michèle Montas. «Rien ne justifie un discours de haine ou l'incitation à la violence. Ce n'est pas la liberté d'expression qui est en jeu dans ce cas», a-t-il ajouté.