Redoutant des réactions violentes dans le monde musulman à l'occasion de la sortie du film du député d'extrême droite hollandais, Geert Wilders, montrant l'Islam comme une religion fasciste et son Prophète comme un "barbare", l'UE avertit ses délégations à l'étranger des risques de protestations. La porte-parole de la Commission européenne, chargée des relations extérieures, Christiane Hohmann, a indiqué que les représentations de l'Union européenne à l'étranger ont été prévenues des risques de protestations liées à la diffusion annoncée d'un film anti-islam par un député d'extrême droite néerlandais, alors que la polémique commence déjà à enfler dans le monde musulman. Cette source a déclaré que les délégations “ont été informées du fait qu'il va y avoir ce film qui pourrait avoir des effets, vu l'expérience que nous avons eue dans le passé avec la publication des caricatures du prophète au Danemark”. Bien qu'elle ait précisé qu'il ne s'agit pas à ce stade d'une mise “en alerte”, qui signifierait que l'on dispose d'indications selon lesquelles ces délégations, situées hors de l'Union européenne, pourraient être attaquées, il n'en demeure pas moins que c'est une mise en garde sérieuse. Christiane Hohmann a affirmé : “Nous avons attiré leur attention afin qu'elles soient conscientes”. Pour rappel, plusieurs pays musulmans ont déjà publiquement critiqué le projet de film du député d'extrême droite, Geert Wilders. L'Iran et l'Egypte sont allés jusqu'à menacer la Hollande d'un boycottage économique, si jamais le film est diffusé. Dimanche dernier, environ 800 personnes ont manifesté contre le projet de film et les caricatures danoises dans la ville de Mazar-i-Cherif, dans le nord de l'Afghanistan. Ces manifestations n'avaient pas manqué de susciter l'inquiétude du secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer pour les troupes de l'Otan en Afghanistan. “Je me sens responsables pour les troupes en Afghanistan. Si celles-ci se retrouvent sur la ligne de feu en raison du film, alors je m'en inquiète et j'exprime cette inquiétude”, avait-il notamment déclaré au cours d'un programme de la télévision publique néerlandaise. Les talibans ont menacé, de leur côté, de multiplier les attaques contre les soldats. 1 500 soldats néerlandais participent à l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, si le film de Geert Wilders était diffusé. Il a également ajouté que le président afghan Hamid Karzaï s'était lui aussi inquiété auprès de lui des conséquences du film. La diffusion de ce film intervient dans un contexte pouvant provoquer une levée de boucliers dans les pays musulmans, surtout qu'il vient juste après la publication, à nouveau la semaine dernière, d'au moins l'une des caricatures du Prophète Mohammed (QSSSL), qui avaient déjà provoqué un tollé dans le monde musulman en 2006. Ceci étant, les autorités néerlandaises sont embarrassées par Geert Wilders, chef du Parti de la Liberté (PVV, extrême droite). Un quotidien hollandais s'interroge sur l'attitude qu'adoptera le gouvernement vis-à-vis de ce film. “Le gouvernement doit éviter de donner l'impression de violer la liberté d'expression. Cependant, il doit insister sur la responsabilité de Wilders au sujet des conséquences probables de la diffusion de son film sur la sécurité des citoyens, des militaires néerlandais à l'étranger et sur l'économie néerlandaise. Avec l'affaire des caricatures danoises encore fraîche dans nos mémoires, il n'est pas très difficile d'imaginer ce que seront les réactions. Le gouvernement fait bien de montrer d'avance au monde extérieur que les conceptions de Wilders ne sont pas les siennes. Il ne peut rien faire de plus que faire appel au sens de la responsabilité de Wilders”, a-t-il écrit. K. ABDELKAMEL