La contestation au sein du Front de libération nationale (FLN) continue à se mobiliser. Les animateurs de cette fronde née à l'occasion de la confection des listes électorales, lors des dernières locales du 29 novembre 2007 qui se sont structurées dans une cellule nationale de crise, se sont, en effet, réunis jeudi dernier à Alger en vue de faire une évaluation de la situation prévalant actuellement au sein de leur parti. Les participants à la rencontre (qui a eu lieu dans un domicile privé à Alger) au nombre de dix, parmi lesquels l'ancien président du groupe parlementaire du FLN, Abbès Melkhalif et l'ancien sénateur et ex-membre du bureau politique Azzi Bentabet, ont estimé que “les choses vont au plus mal au FLN”. “Il y a une véritable rupture entre la base militante et la direction du parti”, ont estimé les participants à la rencontre de jeudi. Leur argument est que la direction du parti fait fi de l'existence d'une base militante en lui désignant à chaque fois des “interlocuteurs qui l'ignorent”. L'exemple qui a été donné est en rapport avec la composante humaine des superviseurs envoyés récemment par la direction du parti : “Comme d'habitude, les superviseurs ont fait des assemblées générales en cercle restreint où ils n'ont pas appelé l'ensemble des militants”, nous explique-t-on. Dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès par exemple, l'assemblée générale a été tenue dans une association de sourds-muets, où l'ensemble des militants n'étaient pas présents, explique l'un des participants à la rencontre d'Alger. Un autre argument qui plaide en faveur de la rupture entre la base et la direction du parti est l'absence de toute “dynamique au sein des mouhafadhate”. “Les gens font comme s'ils ne sont pas concernés par ce qui se passe au sein de leur parti”, ont constaté les participants. Aussi disent-ils, “il y a toujours les mêmes divisions au sein du parti”, celles prévalant depuis le dernier congrès dit rassembleur organisé en 2005 à la coupole du 5-Juillet d'Alger. Ce qui a fait dire à ces frondeurs la nécessité d'une meilleure mobilisation en vue de tenir un conseil national : “Nous lancerons très prochainement un appel pour la tenue très rapide d'un conseil national du FLN.” L'objet de ce conseil national est “d'engager le débat autour de la préparation du prochain congrès extraordinaire”, nous explique-t-on. La contestation au FLN veut donc dédier le prochain conseil national et, partant, le congrès extraordinaire exclusivement aux questions d'ordre organique. Ce qui est en tout cas en faux avec les ambitions de l'actuelle direction du parti qui n'a prévu d'inscrire à l'ordre du jour de ces deux conclaves que la question de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat à la tête de l'Etat algérien. “Nous sommes inquiets pour notre parti et pour son avenir, nous voulons régler les problèmes auxquels il est confronté et la question de la révision de la Constitution qui permettra au président de la République de briguer un troisième mandat relève des prérogatives du chef de l'Etat, et donc ne nous intéresse pas”, dira une source proche de cette contestation. Quoi qu'il en soit, la contestation ne désarme pas, elle se dit mobilisée pour “remettre sur les rails le parti et imposer que les choses aillent mieux en son sein”, nous explique-t-on. Dans les prochains jours, les animateurs de la contestation comptent intensifier les contacts en vue de faire adhérer un maximum de soutiens à leur cause. NADIA MELLAL