La contestation est née au lendemain de l'installation des directions de campagne électorale du candidat Bouteflika. La fronde a-t-elle déjà commencé à ébranler les structures de base du FLN ou s'agit-il juste d'une petite turbulence qui se dissipera avant même de faire du bruit? A chaque échéance électorale, une crise cyclique ébranle les structures de base du plus vieux parti. L'après-élection sera-t-elle chaude pour ce parti? Les grandes manoeuvres ont déjà commencé. Cette fois-ci, la fronde née au lendemain de l'installation des directions de campagne électorale du candidat Bouteflika semble prendre de l'ampleur et faire tache d'huile auprès de tous les militants de base. Selon un ancien responsable qui veut garder l'anonymat, «la grogne est la résultante des maladresses de la direction. Les militants considèrent que le grand gagnant dans l'affaire est le parti de Ouyahia». Pour preuve, indique cette source, «la direction actuelle du FLN est traversée aujourd'hui par une lutte sans merci entre clans rivaux pour obtenir, en retour, des dividendes». Le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, est pointé du doigt pour «n'avoir pas su négocier face à ses interlocuteurs de l'Alliance présidentielle pour placer ses hommes. Cette situation se répète à chaque échéance électorale», souligne notre interlocuteur. Et pour ne pas rester en dehors du «magma» qui agite ce parti, les animateurs de la cellule de suivi du FLN qui ont décidé de «geler» leur activité pour ne pas «gêner l'élection du candidat Bouteflika», décident eux aussi de passer à l'attaque. L'un de leurs représentants, Mekhalif, contacté hier, a affirmé à L'Expression que son mouvement a «décidé de son plein gré de geler ses activités afin d'éviter de donner à nos adversaires des raisons supplémentaires pour nous traîner dans la boue. Nous avons respecté le deal. Nous étions de simples spectateurs». Est-ce que la conjoncture est favorable pour eux aujourd'hui?: «Oui! du moment que l'élection présidentielle est passée», répond-il tout de go: «Nous observons que le FLN est devenu comme une simple association de soutien qui attend et que l'on gratifie en retour de quelques postes ministériels. Ce parti n'est plus ce qu'il était, c'est-à-dire un parti qui avait son mot, qui défend un idéal ou qui force la décision.» Le principal animateur de la cellule de crise affirme que son mouvement reprendra dans quelques jours ses activités et ceci en prévision du congrès qui doit se tenir en janvier 2010: «Dans les jours à venir, dira-t-il, notre mouvement tentera d'imposer ses choix, celui de maintenir le cap sur les préparatifs du congrès de janvier 2010. A la lumière de la nouvelle situation politique qui se profile à l'horizon, nous allons exiger du SG qu'il réunisse les 48 mouhafadhas afin de faire un bilan exhaustif de la situation organique du parti, lequel bilan va servir de base de travail de l'instance exécutive et enfin l'installation de la commission nationale de préparation du congrès.» La dernière rencontre entre les animateurs de la cellule de crise et le secrétaire général du FLN a eu lieu l'année dernière. Lors de cette rencontre de quatre heures, M.Belkhadem avait suggéré aux membres de la cellule «le retour aux anciennes structures» du parti. La délégation reçue par le patron du FLN était composée de 7 membres dont les différents responsables régionaux, à savoir le porte-parole, Abbès Mekhalif, Arbouche, Zidouk Abdelkader, Azzi Benthabet (Oranie), Menfoukhi (Sud), Dahmani (Centre) et Dhaouia (Djelfa). Selon le porte-parole du mouvement de contestation, tous les militants du parti sont unanimes à dire que des responsables siégeant au sein de l'instance exécutive font tout pour «cacher la vérité» à M.Belkhadem allant jusqu'à le prendre «en otage». Les responsables en question auxquels fait allusion notre source versent, «dans la surenchère en utilisant la politique de réconciliation nationale pour se maintenir à leurs postes». D'autres par contre, produisent un «double langage» en direction des militants. L'ancien député de Skikda prend en exemple la note du 9 avril dernier transmise à toutes les kasmas et les mouhafadhas du parti les sommant d'organiser des assemblées générales pour élire leurs responsables locaux. La directive n°3/2008 adressée par Abdelaziz Belkhadem à toutes les structures du parti (kasmas et mouhafadhas) était destinée à élire démocratiquement les mouhafedhs et les responsables de kasma à travers la tenue d'élections libres. Le porte-parole de la coordination nationale a mis en évidence «le travail de sape» organisé par certains membres influents du parti qui ont mis sous le boisseau cette directive «en désignant eux-mêmes les responsables de kasma et de mouhfadha», ajoute l'ex-député de Skikda. Le dialogue initié récemment par le SG à travers son chef de cabinet avec les contestataires du parti a été «torpillé» par ces mêmes responsables qui redoutent une «éventuelle normalisation» et font tout pour «entretenir la crise et la fitna au sein du parti car ça les arrange de nager en eaux troubles», affirme encore notre interlocuteur qui ne comprend pas comment ces «deux responsables connus de tous» continuent de «bénéficier de la confiance du SG». Pourtant, explique notre interlocuteur, «l'impasse à laquelle est arrivé le parti n'arrange ni le SG ni la majorité des militants qui se sentent de plus en plus exclus des structures du parti». Le FLN serait-il frappé lui aussi de la malédiction post-élection?