Les habitants de la cité des 120 logements sociaux locatifs vivent, depuis quatre ans, dans des appartements non dotés de gaz naturel. Depuis leur installation, ils multiplient les déplacements et les requêtes à l'OPGI et à la Sonelgaz sans résultat. La tuyauterie principale de l'arrivée du gaz n'est qu'à 4 mètres maximum de l'intérieur des logements du rez-de-chaussée, déplorent les locataires de cette cité qui disent n'en plus pouvoir de transporter les bonbonnes de gaz à travers les six étages des bâtiments. Le point de vente le plus proche (quand il est approvisionné en quantité suffisante) est à 2 km de leur lieu d'habitation. Un problème pour ceux qui ne disposent pas de véhicule. Ils sont, par ailleurs, bien souvent contraints de se rendre à Mouzaïa, à Ahmer El-Aïn (6 km) et parfois plus loin, pour l'achat de la précieuse bonbonne. Aux 200, voire 250 DA par bouteille, ils doivent encore débourser un minimum de 200 DA pour le transport. “Il arrive, nous avoue l'un d'eux, qu'en hiver nous consommions jusqu'à 4 bonbonnes par mois.” Certains sont encore obligés de recourir à un fort-à-bras, à raison de 100, 150 ou 200 DA pour les soulager du fardeau à hisser. Un véritable calvaire. D'autant que souvent, c'est en rentrant du travail, harassés que les hommes reçoivent la “tuile” sur la tête, les épouses les mettant devant le fait qu'il n'y a plus de gaz pour préparer le dîner ou, mieux, le biberon et la bouillie de bébé. Un quinquagénaire nous a avoué : “Lorsque je rentre, je ne veux surtout pas entendre dire "khlass el gaz !", c'est plus fort que moi.”En fait, ce sont 204 logements (si l'on compte les bâtiments avoisinants), qui ne sont pas alimentés en gaz. Devant l'insistance des plaignants, la Sonelgaz a établi un devis. Il s'agirait alors pour chaque locataire de payer 10 000 DA pour les frais de raccordement — somme que, selon eux, tous ne sont pas en mesure d'honorer. “Nous sommes une cité de "zouaoula" constituée d'un bon nombre de chômeurs et de familles nombreuses en difficulté”, nous ont déclaré deux pères de famille dépités, dont l'un est éboueur. Tour à tour, ils disent leur désarroi : “Netlaâ 100 étages ou men ouellich lel Sonelgaz ou l'OPGI !” (je monterai, s'il le faut, 100 étages avec des bouteilles de gaz, plutôt que de retourner à la Sonelgaz ou à l'OPGI !)“Nos logements sont un bien OPGI, la location, c'est à lui que nous la versons, pourquoi se désiste-t-il de ses prérogatives ?”, se demande l'un. Quant au loyer, ils se plaignent qu'il est franchement excessif : “2 410 DA pour un F3 !” Leur cauchemar avait déjà débuté avec l'absence d'électricité : “Huit mois sans électricité. Il avait fallu l'intervention musclée du chef de daïra, Aïssa Boulahia pour que l'on voie la lumière”, nous ont-ils déclaré. F. S.