Les autorités russes, qui avaient du mal à avaler la décision d'Alger de rendre les Mig-29 en raison de certaines défaillances techniques, auraient fini par reléguer cette affaire au stade “d'incident de parcours” vu l'importance de la coopération militaire existant entre les deux pays. La mini-crise diplomatique née de l'affaire des Mig-29 semble s'estomper. Après la décision annoncée vendredi dernier par Moscou de suspendre la livraison des avions de chasse Sokhoi SU-30MKI en invoquant un problème financier avec Alger, voilà que les choses rentrent dans l'ordre. Hier, le constructeur aéronautique Irkout, dont le siège se trouve à Irkoutsk, en Sibérie orientale, a annoncé avoir livré à l'Algérie deux chasseurs polyvalents Su-30MKA. C'est ce qu'a indiqué l'agence Ria Novosti en précisant qu'il s'agit d'un premier lot d'avions cette année pour l'Armée de l'air algérienne. “Les chasseurs seront livrés en kit pour être assemblés et testés sur le terrain avant d'être remis au client”, a indiqué Irkout dans un communiqué. Un contrat portant sur la livraison de 28 chasseurs de la famille Sukhoi avait été signé en mars 2006 lors de la visite à Alger du président russe Vladimir Poutine. En 2007, Irkout a vendu à l'Algérie quatre chasseurs polyvalents Su-30MKA. Le Su-30MKA est une adaptation du chasseur polyvalent Su-30 pour l'Armée de l'air algérienne. Il sert à détruire des cibles aérienne, terrestre et maritime. “Doté d'une autonomie de 3 000 km, il développe une vitesse maximale de 2 400 km/h et peut emporter jusqu'à 8 000 tonnes de charge utile, y compris des missiles air-air et air-sol, des bombes guidées et des bombes à fragmentation”, précise l'agence Ria Novosti. Il faut savoir que la polémique sur l'affaire des Mig-29, pourtant réglée lors de la visite du président Bouteflika en Russie les 18 et 19 février dernier, a refait surface le 24 mars courant. Le chef de l'agence fédérale russe de l'industrie Andreï Doutov n'avait pas hésité à remettre sur le tapis ce dossier en rejetant les arguments d'ordre technique avancés par Alger pour annuler le contrat. “Les raisons du refus en ce qui concerne le contrat algérien sont plutôt d'ordre politique”, avait-il déclaré dans un entretien au quotidien Vedomosti. “Ce ne sont pas des questions de production. Chaque pays cherche des alliés et le secteur des armements, c'est aussi la recherche d'alliés”, avait ajouté le chef de l'agence fédérale tout en minimisant les conséquences que pourrait avoir cette affaire sur le secteur aéronautique russe qui, selon lui, ne souffrira pas de cette annulation car le “ministère de la Défense de Russie envisage d'acquérir ces avions”. Des sources proches du dossier à Alger avaient récusé les arguments russes en affirmant que l'affaire des Mig-29 est close et qu'il s'agissait d'une diversion qui ne concerne que l'Etat russe. Trois jours plus tard, Moscou annonce avoir suspendu la livraison des avions de chasse Sukhoï en évoquant un retard de paiement dont se serait rendue responsable l'Algérie. “Vu que l'Algérie ne remplit pas ses engagements financiers dans le contrat pour la livraison à ce pays de 28 avions de chasse SU-30MKI, la livraison d'un nouveau lot d'appareils a été suspendue”, avait déclaré vendredi dernier une source au sein du complexe militaro-industriel russe à l'agence Interfax. Selon cette source, Moscou a déjà livré six SU-30MKI à l'Algérie. “Nous avons dû retarder l'envoi d'un nouveau lot prévu en mars parce que l'Algérie a suspendu le financement de ce projet”, selon la même source. Selon le quotidien Kommersant, l'Algérie avait gelé les paiements sur tous ses contrats militaires avec Moscou après sa décision de rendre à la Russie 15 chasseurs Mig-29, fournis en 2006-2007, en raison de leur qualité inférieure aux attentes. Il faut savoir que les Mig doivent être rendus à la Russie d'ici fin avril. Salim Tamani