«Les raisons du refus concernant le contrat algérien sont plutôt d'ordre politique», selon Andreï Doutov, chef de l'Agence fédérale russe de l'industrie. Le climat de coopération algéro-russe en matière d'armement est-il au creux de la vague? Alger vient d'annuler sa commande d'acquisition de 34 chasseurs russes Mig 29 d'un montant de 1,3 milliard de dollars. L'information a été confirmée par l'Agence fédérale russe de l'industrie. «Les raisons du refus en ce qui concerne le contrat algérien sont plutôt d'ordre politique», a relevé Andreï Doutov, chef de ladite agence, dans une interview accordée au quotidien russe Vedomosti. Le même interlocuteur a ajouté que cette annulation n'est pas liée à «des questions de production. Chaque pays cherche des alliés et le secteur des armements, c'est aussi la recherche d'alliés». Cependant, cette déclaration ne remet pas en cause les relations de coopération «jugées excellentes» par les deux pays. Si les Russes justifient cette annulation par des «raisons d'ordre politique», il n'en demeure pas moins que des problèmes d'ordre essentiellement technique ont été pour beaucoup dans cette suspension. Cette annulation, qui n'est toujours pas confirmée ni infirmée par Alger, intervient quelques semaines après «l'affaire des 15 Mig 29». Dans cette même affaire, de hauts responsables du gouvernement et de la hiérarchie militaire russes, ont ouvertement reconnu la mauvaise qualité des 15 chasseurs Mig 29 livrés à l'Algérie entre 2006 et 2007, dans le cadre du contrat d'armement signé en mars 2006. C'est le vice-Premier ministre, également chef de la Commission militaire et industrielle, Sergueï Ivanov, et son premier adjoint, Vladislav Putilin, qui ont fait leur mea-culpa en reconnaissant des «défaillances techniques» des 15 Mig 29. Apportant plus de détails pour justifier ce «déficit», les Russes avouent que la crise a été induite par deux principales causes: la première est le manque de personnel qualifié. La majorité du personnel qualifié est arrivé à l'âge de la retraite et il n'y a pas de relève. Le deuxième facteur avancé par les mêmes responsables, expliquant cette décadence de l'industrie militaire russe, est la vétusté du matériel de fabrication. Les machines et les technologies utilisées dans les usines russes sont obsolètes, la plupart d'entre elles datent de l'époque de l'Union soviétique. Cette crise que traverse le constructeur russe, Russian Aircraft Corporation (RAC, ex-Mikouyan Gourevitch), n'oblige en aucun cas l'Algérie à attendre que ce géant de l'industrie de l'armement sorte de son coma pour renouveler sa flotte aérienne. L'Algérie n'a pas apprécié la qualité inférieure de ces appareils qui ne répondent guère à ses attentes et spécifications. Des agences russes ont indiqué que Moscou aurait proposé aux autorités algériennes de remplacer deux MIG 29 UB livrés en 2006 par des avions plus modernes, mais beaucoup plus chers, les Mig 29M2 ou Mig 35. Selon la même source, l'Algérie n'avait pas donné suite à cette proposition. Il faut noter que le problème des Mig a plombé la dernière visite effectuée par le président algérien en Russie. La presse nationale, au même titre que la presse russe, avaient fait le lien avec cette histoire des 15 Migs 29 défaillants. Les deux parties auraient abordé ce problème «sans précédent dans l'histoire de la coopération algéro-russe». Toutefois, pour l'heure la Russie reste, l'une des sources, voire la principale, d'armement de l'Algérie. D'autant plus, que ces ventes représentaient plus de 3% des exportations russes en armement. Pour revenir à la déclaration du directeur de l'Agence fédérale russe de l'industrie, estimant que l'Algérie veut diversifier ses partenaires, il reste vrai qu'Alger a tout intérêt à ne pas dépendre pour son armement d'un seul fournisseur. Cela, d'autant plus que les Etats-Unis et surtout la France qui tente de vendre à Alger ses chasseurs Rafale, cherchent à pénétrer le marché algérien. Des pays émergents, à l'image de l'Afrique du Sud et du Brésil, sont des concurrents potentiels redoutables. D'ailleurs, le chef d'état-major algérien, Ahmed Gaïd Salah, a effectué, il y a quinze jours, une visite officielle au Brésil. Cette politique de diversification de fournisseurs ne remettra surtout pas en cause les accords signés entre l'Algérie et la Russie. L'Algérie a signé un autre contrat avec la Russie pour l'achat d'avions de combat Soukhoï Su-30 MK et de Yak d'entraînement. Sur ce point, M.Doutov a affirmé sur les colonnes du même journal que les autres contrats «ne sont pas menacés».