Avant de quitter respectivement le Kremlin et la Maison-Blanche, Bush et Poutine vont s'affronter aujourd'hui au sommet de l'Otan. Bush veut présenter une Otan réunifiée maintenant que la France la rejointe totalement mais le président russe, invité surprise de la rencontre, a promis de jouer au trouble-fête avant de remettre les clefs à Medvedev, son successeur. Poutine sera présent à la réunion spéciale Russie-Otan qui promet d'être explosive avec le cumul des différends entre la Russie en pleine expansion dans l'espace de l'ex-Urss et ailleurs, et les 26 pays de l'Otan. Même pour Bush, le voyage de Bucarest est son chant du cygne sur la scène internationale qu'il doit quitter en janvier prochain. Bien que rien de fondamental ne changera au sein de l'Otan, ses membres doivent faire avec les nouvelles velléités de la Russie et surtout son appui à la Serbie quant à l'indépendance du Kosovo. D'ailleurs, c'est pourquoi l'ex-maître du Kremlin qui lui s'est assuré de la continuité de sa politique aussi bien nationale qu'internationale est l'hôte du sommet annuel de l'alliance militaire pour la première fois depuis la création du conseil Otan-Russie en 2002. L'Otan devra se satisfaire d'un couloir terrestre via la Russie vers l'Afghanistan, ce qui lancera une coopération sans précédent entre l'organisation atlantique et la Russie. Bush va tenter d'apurer son contentieux avec les Russes en retrouvant son homologue et son successeur tout de suite après le sommet, à Sotchi, dans le sud de la Russie. Bush, soucieux de redorer son image avant de quitter le pouvoir, s'est même déclaré “optimiste” quant aux possibilités de venir à bout des réticences de Moscou face au projet américain d'installation d'éléments de son bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque. L'expansion de l'Otan dans son ancienne sphère d'influence, associée au projet de bouclier officiellement orienté contre l'Iran, est perçue pas Moscou comme un encerclement progressif et une trahison des garanties données par l'Occident après la chute de l'URSS. Pour les mêmes motifs, Moscou tente d'empêcher tout rapprochement de l'Otan avec l'Ukraine et la Géorgie, deux ex-républiques soviétiques qui espèrent rejoindre l'Otan mais certains membres de cette dernière, en particulier l'Allemagne, ont clairement dit qu'ils ne souhaitaient pas mécontenter la Russie. Ces dernières années, la relation Washington-Moscou a repris des tonalités de guerre froide, et la rencontre de Sotchi sur la mer Noire fait espérer que Bush et Poutine arrivent à rafistoler les liens entre les deux puissances avant de laisser tous deux leur place. D. B.