Le président russe, Vladimir Poutine, est dans la résidence familiale de George Bush, dans le Maine, pour un sommet informel visant à restaurer les relations personnelles entre les deux chefs d'Etat. Il s'agit pour Bush de convaincre son hôte russe que le projet américain de rétablir des bases anti-missiles en Europe n'est destiné que pour se prémunir contre de probables attaques nucléaires de la part de l'Iran ! La Russie a rué dans les brancards dès l'apparition de ce projet qui va se systématiser en Pologne, où les deux frères jumeaux au pouvoir se sont déclarés prêts à accueillir les bases américaines. Poutine est allé jusqu'à offrir à son homologue américain, lors du sommet en Allemagne du G8, d'installer ses bases en Azerbaïdjan, dans une base russe. Bush n'a pas fait la fine bouche et, depuis, les deux chefs d'Etat cherchent à calmer leurs jeux respectifs. Apparemment, le climat entre les deux pays s'est détendu puisque, avant le dîner familial où du homard, plat typique de cette région des Etats-Unis, a été servi, Bush et Poutine ont embarqué sur un bateau de pêche en compagnie du père du président américain, qui a été lui aussi locataire de la Maison-Blanche lorsque l'Union soviétique commençait à imploser sous le règne de Gorbatchev. En invitant le maître du Kremlin dans sa résidence familiale de Walker's Point, Bush joue avec les symboles : jamais, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, il n'a accueilli de dignitaire étranger dans cette propriété centenaire sur la côte Atlantique, à laquelle il préfère généralement son ranch texan de Crawford. Selon des observateurs, la présence de George Bush père est un signe supplémentaire que Washington a réellement à cœur de renouer des liens fortement détendus avec la Russie. C'est que Poutine a frappé sur la table, menaçant de revenir au temps de la guerre froide. Les relations russo-américaines se sont nettement dégradées et des relents de guerre froide entourent certains dossiers. Du projet américain de bouclier antimissile au nucléaire iranien, de la situation des droits de l'homme en Russie au Kosovo, les sujets de débat n'ont pas manqué à Kennebunkport. Bush a certainement offert à son homologue l'entrée immédiate dans l'OMC. Il ne faut pas s'attendre à des avancées ou à l'annonce de grandes décisions, a prévenu le Kremlin, soulignant que le but de ce sommet américano-russe est d'échanger préoccupations mutuelles et positions sur certains dossiers. Des marchandages ne sont pas à exclure. Juste avant l'arrivée du président russe à Kennebunkport, un millier de manifestants américains s'étaient rassemblés à proximité de la résidence des Bush pour dénoncer la poursuite de la guerre en Irak, scandant “destituez Bush”. La guerre en Irak ne devait, toutefois, pas être un sujet prédominant de la rencontre des deux présidents, même si Poutine a été l'un des plus sévères critiques de la politique américaine à Bagdad. Par contre, un sujet de satisfaction pour l'hôte du président russe, les attentas déjoués en Grande-Bretagne le confortent dans sa croisade contre le terrorisme islamiste. D. Bouatta