La Haute cour du Zimbabwe devait rendre hier sa décision sur la requête du parti d'opposition MDC qui exige la publication des résultats du premier tour de l'élection présidentielle organisée il y a huit jours. Le parti au pouvoir, la Zanu de Robert Mugabe, a réclamé pour sa part un nouveau dépouillement des suffrages. Le Mouvement pour un changement démocratique affirme que son chef Morgan Tsvangirai a remporté le scrutin du 29 mars et doit être proclamé président. À la suite de deux reports en deux jours, la Haute cour avait finalement commencé à examiner la demande du MDC mais, apparemment, à en croire le juge Tendai Uchena, l'institution se déclarerait “incompétente”. Mugabe, qui ne veut pas lâcher le fauteuil présidentiel qu'il occupe depuis 28 ans, veut un second tour où, cette fois-ci, il ne se laissera pas surprendre. En outre, il veut également récupérer la majorité perdue officiellement par son parti au sein du Parlement. C'est pourquoi il a exigé un recomptage des bulletins de vote quand bien même le scrutin s'était déroulé sous l'unique surveillance de la Zanu et de l'administration à sa dévotion. Le MDC a remporté officiellement les élections législatives, ce qui représente le plus sérieux revers électoral de la Zanu, au pouvoir depuis l'accession de Mugabe à la tête du pays en 1980. Pour le MDC, qui a d'ores et déjà dénoncé la tricherie en marche, Mugabe n'a pas légalement le droit de réclamer un recomptage. Le code électoral prévoit que l'on peut demander un recomptage dans les 48 heures du dépouillement, a expliqué l'opposition qui a également démenti que le MDC ait contacté la Zanu en vue de former un gouvernement de coalition. Aucun résultat de la présidentielle n'a encore été publié, mais Tsvangirai serait arrivé en tête. Mugabe joue sur la peur et le nationalisme en dénonçant chez ses rivaux du MDC leur volonté de livrer le Zimbabwe à la Grande-Bretagne ! Il a fait appel aux anciens combattants de la guerre d'indépendance qui, ces dernières années, avaient occupé des fermes d'agriculteurs blancs dans le cadre d'un programme de redistribution des terres. Le retour de “la famille révolutionnaire” a ravivé les craintes de l'opposition de voir s'établir dans le pays une crise à la kenyane. Mugabe a offert les dernières fermes entre les mains des blancs à ses soutiens, notamment aux vétérans de l'indépendance. Le chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, s'est rendu en Afrique du Sud pour des entretiens avec le président M'Beki pour éviter le pire au Zimbabwe, maillon faible de l'Afrique australe. D. B