Cinq années après l'occupation de l'Irak, les Américains travaillent pour maintenir une présence militaire indéterminée dans ce pays, selon un projet d'accord avec les responsables irakiens divulgué hier par le quotidien The Guardian. Un projet d'accord entre les Etats-Unis et l'Irak soulignerait que les deux pays ont prévu un engagement militaire américain de durée indéterminée, a rapporté hier le quotidien The Guardian. Citant un pré-rapport de travail daté du 7 mars dernier, dont il a eu copie, le journal explique que ce projet d'accord devrait remplacer le mandat actuel des Nations unies sur l'Irak, qui s'achève à la fin de cette année. Selon The Guardian, ce projet autoriserait les Etats-Unis à “conduire des opérations militaires en Irak et à arrêter des individus, si cela est nécessaire, pour des raisons impératives de sécurité”, sans aucune limite de temps. De même, il ne prévoit aucune limitation du nombre des forces américaines en Irak, des armes qu'elles peuvent utiliser, du statut légal de ces troupes et de leur pouvoir à l'égard des citoyens irakiens. Selon le document, “il est de l'intérêt mutuel des Etats-Unis et de l'Irak de maintenir la souveraineté, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique et la dissuasion de menaces extérieures contre l'Irak”. Etats-Unis et Irak ont convenu de “se consulter immédiatement au cas où l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de l'Irak seraient menacées”, selon ce projet cité par The Guardian, qui indique aussi que Washington s'engagerait “à ne pas utiliser le territoire irakien comme base pour mener des opérations offensives contre d'autres Etats”. La divulgation de ce document par le quotidien britannique survient alors que les plus hauts responsables américains en Irak devraient suggérer la semaine prochaine de faire une pause dans le retrait des troupes américaines de ce pays en proie à une nouvelle flambée de violence, à moins de huit mois de la fin du mandat du président George W. Bush. Le commandant des troupes américaines en Irak, le général David Petraeus, et l'ambassadeur à Bagdad, Ryan Crocker, devaient présenter hier et aujourd'hui devant le Congrès à Washington une évaluation très attendue de la situation en Irak. Les deux hommes devraient recommander au Sénat de faire une pause dans le retrait des troupes américaines de ce pays, en proie à une nouvelle flambée de violence. Le général Petraeus s'est déjà exprimé en faveur d'un “gel” de la réduction du contingent en Irak, après le retour prévu d'ici l'été de cinq brigades de combat, afin d'évaluer la situation sur le terrain. Pour sa part, M. Crocker a prévenu que les Etats-Unis avaient “l'impératif moral” de continuer à réduire la violence en Irak. Le président George W. Bush devrait annoncer sa décision demain. Le contingent américain en Irak s'élève actuellement à 158 000 hommes. D'ici juillet, ce nombre devrait tomber à 140 000 soldats, soit 10 000 de plus qu'avant l'envoi de renforts début 2007, pour une vaste offensive qui a contribué à une relative amélioration de la sécurité. Ces auditions, qui se poursuivront aujourd'hui devant des commissions de la Chambre des représentants, promettent de prendre un tour hautement politique en pleine course à la Maison-Blanche, les trois présidentiables américains appartenant aux commissions sénatoriales chargées d'auditionner les deux responsables. R. I./Agences