Les syndicalistes se disent satisfaits de l'adhésion des fonctionnaires. Comme il fallait s'y attendre, les praticiens spécialistes de la santé publique ont mis en exécution leur menace brandie le mois dernier, recourant ainsi à une grève de cinq jours qui a débuté hier. Lancé par les cinq syndicats autonomes de la santé, faisant partie de la Coordination nationale du syndicat autonome de la Fonction publique, le mot d'ordre a été bien suivi. Hier encore, les fonctionnaires ont démontré leur détermination en paralysant plusieurs hôpitaux à l'échelle nationale. Professeurs de médecine, docents, maîtres-assistants, praticiens, psychologues, biologistes, pharmaciens et autres sont partis en rangs serrés pour revendiquer l'amélioration de leur condition socioprofessionnelle. De l'hôpital Bachir-Mentouri de Kouba à Mustapha-Pacha en passant par le CHU de Ben Aknoun et Bab El-Oued tous les services ont été boycottés. Tout est à l'arrêt, à part les urgences et le service minimum. Sur la feuille de route du bloc opératoire, le mot grève est souligné en gras, indiquant ainsi que les interventions chirurgicales prévues sont suspendues durant cinq jours. Au CHU de Ben Aknoun, les malades faisaient la chaîne pour décaler leur rendez-vous de consultation. “Les urgences sont assurées d'une manière régulière, tous les autres services sont concernés par ce mouvement de protestation”, a déclaré le docteur Lamani, praticien à l'hôpital de Ben Aknoun. Les grévistes ont estimé que la cadence irait crescendo dans les jours à venir si les pouvoirs publics persistaient toujours dans leur politique de la fuite en avant face à leurs revendications socioprofessionnelles. Et ce n'est pas tout. Des rassemblements de tous les praticiens sont également aux programmes durant toute cette semaine. Le docteur Lamani a fait remarquer que l'Etat, qui a tant investi en matière d'équipements sanitaires et autre matériel médical, n'a pas pensé au facteur humain. Conséquence : “Une centaine de médecins a quitté le pays pour d'autres cieux. D'autres, par contre, ont quitté le service public pour le privé. La santé est vraiment malade. La situation ne cesse de se dégrader de plus en plus,” a-t-il dit. Pour ce qui est, par ailleurs, du taux de suivi qui dépasse les 80%, les syndicalistes se disent satisfaits de l'adhésion des fonctionnaires en ce premier jour de débrayage. S'agissant enfin des revendications, les protestataires réclament, entre autres, la reconnaissance des syndicats autonomes par le gouvernement comme partenaires sociaux à part entière, l'ouverture immédiate de négociations sur le régime indemnitaire, un statut digne pour les professionnels de la santé et, enfin, la révision de la grille des salaires et du point indiciaire. Sur ce point, les grévistes n'ont pas omis de fustiger la politique des “deux poids deux mesures” de la tutelle qui a procédé à l'augmentation des salaires pour certains secteurs tout en négligeant d'autres secteurs. Et de conclure : “Pourtant, nous ne demandons pas la lune mais juste un salaire décent. Qu'ils (les pouvoirs publics) nous payent comme nos voisins tunisiens et marocains. L'argument de la crise économique doit être valable pour tous les travailleurs et pas seulement pour les fonctionnaires.” Nabila Afroun