Selon M.Medelci, «il ne sera levé que lorsque les conditions ayant présidé à sa proclamation auront cessé d'exister». La levée de l'état d'urgence en Algérie n'est pas pour demain. Les déclarations en ce sens, émanant des autorités, se suivent et se ressemblent. La dernière en date est celle du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. S'exprimant, avant-hier, à Genève, lors de la première session de l'Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH), le chef de la diplomatie algérienne a expliqué: «L'état d'urgence ne sera levé que lorsque les conditions ayant présidé à sa proclamation auront cessé d'exister.» Et quand est-ce que ces conditions seront-elles favorables? L'état d'urgence, instauré le 9 février 1992 par le président du Haut comité d'Etat, le défunt Mohamed Boudiaf, et qui a été initialement prévu pour 12 mois, est toujours en vigueur, 16 ans après. Devant être levé en 1993, l'état d'urgence a été, depuis, reconduit, sine die. L'argument des pouvoirs publics est relatif à la dégradation de la situation sécuritaire du pays, conjuguée à la détérioration des conditions socioéconomiques et politiques, rappelle-t-on. A l'époque, l'Algérie était, en effet, frappée de plein fouet par le terrorisme. Maintenant, que les choses ont changé, que la situation sécuritaire de l'Algérie a nettement progressé, comparativement aux années de braise qu'a vécues le pays, d'aucuns estiment que le temps est venu pour que les autorités algériennes revoient leur option en procédant à la levée de l'état d'urgence. Cette option est, en effet, vigoureusement critiquée par plusieurs partis politiques, à l'instar du FFS, le RCD et même En Nahda. Le MSP, de son côté, est allé jusqu'à proposer un projet de loi relatif à la question, et qui est actuellement sur le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN). Ce texte, présenté en 2003, n'a, à ce jour, connu aucune suite. L'appel à la levée de l'état d'urgence a également émané de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh). Selon son président, Me Mustapha Bouchechi, «cette situation donne la possibilité de brimer les libertés individuelles et syndicales. Il (l'Etat) s'octroie le droit d'organiser des manifestations lorsque cela l'arrange, mais brandit l'état d'urgence dès que c'est la société civile qui veut s'exprimer». Mais cet avis ne semble pas être partagé par le ministre des Affaires étrangères, puisque ce dernier présente plutôt un tableau idyllique sur la situation des droits de l'homme en Algérie. «L'Algérie fait sienne le principe d'universalité des droits de l'homme et considère qu'il n'est le monopole d'aucune civilisation, d'aucune culture...», a affirmé le chef de la diplomatie algérienne, M.Medelci, lors de la première session de l'Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Il a, par ailleurs, rappelé que l'Algérie est signataire de sept traités universels des droits de l'homme, ainsi que partie prenante à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Mourad Medelci n'a, à cette occasion, pas manqué de mettre en avant les réalisations de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. En dépit de ce tableau reluisant que le ministre des Affaires étrangères a dressé, il n'en demeure pas moins que des organisations des droits de l'homme activant en Algérie n'ont pas manqué de mettre en exergue les séquelles indélébiles, provoquées par la tragédie nationale, dont le peuple algérien arrive difficilement à se relever.