Selon des indiscrétions, les textes portant code de l'information, code de la famille, celui des terres agricoles, celui des privatisations iront au fond du tiroir jusqu'à nouvel ordre. Le programme du gouvernement, version revue et corrigée, sera débattu et adopté aujourd'hui au cours d'un Conseil des ministres, le deuxième du genre en soixante-douze heures, que présidera le chef de l'Etat. La copie présentée en juillet de l'année dernière par Benflis et adoptée par les deux chambres du Parlement a subi quelques modifications, tant sur le plan de la forme que du contenu Le texte a été, avance une source gouvernementale, “sémantiquement reformulé”. Ahmed Ouyahia a, sur instruction du chef de l'Etat, gardé la quintessence du programme qui lui a été laissé par son prédécesseur, tout en apportant sa touche personnelle au document. Réuni sous sa présidence à deux reprises, dimanche et lundi, le gouvernement a débattu les modifications introduites au texte initial avant sa présentation en Conseil des ministres. Le président de la République et le Premier ministre sont, selon certaines indiscrétions, sur la même longueur d'onde, notamment à propos des priorités et de la méthode à suivre dans le traitement des questions urgentes. Il est ainsi question du retrait de tous les projets de loi qui posent problème parce que controversés. Selon des indiscrétions, les textes portant code de l'information, code de la famille, celui des terres agricoles, celui des privatisations iront au fond du tiroir jusqu'à nouvel ordre. Cette décision a été prise suite au dernier Conseil des ministres. Les deux hommes se sont également entendu sur un projet de “pacte social” qui sera également présenté aujourd'hui au Conseil des ministres pour débat et enrichissement. Ce plan qui comprend une série de mesures sociales s'inscrit en droite ligne dans le cadre de la nouvelle conduite que veut suivre le premier magistrat du pays durant la dernière année de son mandat. Ce plan sera ensuite proposé aux partenaires sociaux pour discussion. Une réunion tripartite qui regroupera gouvernement, Centrale syndicale et patronat aurait lieu en juin, avancent des sources gouvernementales. Cette rencontre sera précédée par une bipartite UGTA-gouvernement qui se penchera sur les dossiers en suspens, comme ceux de la Fonction publique, de la sécurité sociale et des réformes économiques. Depuis le premier mai, Bouteflika a multiplié les appels en direction de l'UGTA pour tenter de regagner ses faveurs. Le Président semble vouloir “lâcher du lest”, nous a affirmé un cadre syndical. Le terrain social, abandonné pendant des années, sera totalement investi par le locataire d'El-Mouradia à dix mois de la présidentielle. C'est d'ailleurs le message qui se dégage des propos tenus samedi dernier lors du premier Conseil des ministres avec Ouyahia. Tout l'effort sera concentré sur la promotion des activités sociales. C'est dans cette optique, dit-on, que s'inscrit la non-reconduction de Temmar dans le cabinet de Ouyahia, même si Benachenhou n'est pas réputé moins libéral. Ce dernier s'occupera en personne du dossier de la privatisation dont la philosophie sera revue de fond en comble, affirme une source proche du Chef du gouvernement. Seulement, beaucoup d'acteurs redoutent la “méthode rigoureuse d'Ouyahia”. En tout état de cause, le programme tracé par Temmar sera totalement remanié par Ouyahia qui réunira le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Le nouveau programme sera rendu public certainement après les consultations avec le partenaire social. Il reste à savoir si le pacte que propose ainsi le chef de l'Etat n'est pas lié directement à quelque démarche électoraliste, comme ne manqueront pas de s'interroger ceux auxquels il s'adresse. M. A. O.